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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
surmonté d’une couronne; au revers, des patinettes et des feuilles d’un
bleu foncé. Le même musée contient un plat (« tondino »), également
aux armes de Mathias, orné d’une rosette bleue sur un fond orange,
et de feuillages sur un fond bleu 1.
L’art textile est également représenté parmi les trop rares reliques
du musée ou du garde-meuble de Mathias. Un tapis de pied, portant
ses armoiries, appartient à la famille des comtes Erdody; un autre,
de tout point identique, a été converti en vêtement sacerdotal et
acquis récemment pour la chapelle royale de Bude. L’ouvrage de
M»1' Fraknoi nous offre une gravure du premier de ces tapis, avec ses
ornements mi-italiens mi-orientaux. Dans le bas, sur un soubassement
orné de têtes de chérubins, on aperçoit un vase accosté d’aigles et de
cornes d’abondance; plus haut, dans une couronne à banderoles, l’écu
de Mathias; sur le champ même, des fleurs traitées dans un style
décoratif ; pour bordure, des cornes d’abondance et des ailerons.
Les troubles qui suivirent la mort de Mathias arrêtèrent brus-
quement une floraison qui promettait d’être si brillante. Malgré la
bonne volonté de sa veuve, la reine Béatrix, malgré celle de son
successeur, Ladislas VI, de la maison des Jagellon de Bohême, la
colonie italienne réunie sur les bords du Danube ne tarda pas à se
disperser. Elle n’avait guère eu le temps de faire des prosélytes
parmi une nation avant tout sollicitée par la lutte contre les
Musulmans. Aussi, de l’œuvre splendide entreprise par Mathias, ne
reste-t-il qu’un souvenir, mais il est assez vivant encore pour valoir
au grand Hunyade une place d’honneur parmi les princes qui se sont
dévoués à la réalisation d’un idéal de littérature, d’art, de science,
de civilisation.
EUGÈNE MÜNTZ.
1. Voy. Bode, Italienische Portrùt-Skulpturen, p. 37. — Molinier, La Céra-
mique italienne au xve siècle, p. 61.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
surmonté d’une couronne; au revers, des patinettes et des feuilles d’un
bleu foncé. Le même musée contient un plat (« tondino »), également
aux armes de Mathias, orné d’une rosette bleue sur un fond orange,
et de feuillages sur un fond bleu 1.
L’art textile est également représenté parmi les trop rares reliques
du musée ou du garde-meuble de Mathias. Un tapis de pied, portant
ses armoiries, appartient à la famille des comtes Erdody; un autre,
de tout point identique, a été converti en vêtement sacerdotal et
acquis récemment pour la chapelle royale de Bude. L’ouvrage de
M»1' Fraknoi nous offre une gravure du premier de ces tapis, avec ses
ornements mi-italiens mi-orientaux. Dans le bas, sur un soubassement
orné de têtes de chérubins, on aperçoit un vase accosté d’aigles et de
cornes d’abondance; plus haut, dans une couronne à banderoles, l’écu
de Mathias; sur le champ même, des fleurs traitées dans un style
décoratif ; pour bordure, des cornes d’abondance et des ailerons.
Les troubles qui suivirent la mort de Mathias arrêtèrent brus-
quement une floraison qui promettait d’être si brillante. Malgré la
bonne volonté de sa veuve, la reine Béatrix, malgré celle de son
successeur, Ladislas VI, de la maison des Jagellon de Bohême, la
colonie italienne réunie sur les bords du Danube ne tarda pas à se
disperser. Elle n’avait guère eu le temps de faire des prosélytes
parmi une nation avant tout sollicitée par la lutte contre les
Musulmans. Aussi, de l’œuvre splendide entreprise par Mathias, ne
reste-t-il qu’un souvenir, mais il est assez vivant encore pour valoir
au grand Hunyade une place d’honneur parmi les princes qui se sont
dévoués à la réalisation d’un idéal de littérature, d’art, de science,
de civilisation.
EUGÈNE MÜNTZ.
1. Voy. Bode, Italienische Portrùt-Skulpturen, p. 37. — Molinier, La Céra-
mique italienne au xve siècle, p. 61.