LE MUSÉE DU PRADO.
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ici pour modèles sa femme et sa fille Francisca, et à voir quelle
tendresse il a apporté à peindre les deux personnages, on n’a pas de
peine à y ajouter foi. Une esquisse de ce même sujet, mais avec de
notables variantes dans la couleur des vêtements et dans la pose
de sainte Anne et de la Vierge, se trouve aussi au Prado.
Un des côtés caractéristiques du talent de l’artiste, c’est la
faculté qu’il possède d’allier étroitemeut, dans ces compositions, le
surnaturel aux êtres et aux choses tangibles et de nous faire accepter
l’apparition, la vision céleste, comme vraies, comme réelles, au
milieu même des actions les plus familières de la vie. Nul peintre,
mieux que lui, n’a su associer à son naturalisme autant d’idéal et de
sentiment du divin et mêler plus de mystère et de rêve à notre
humble et prosaïque humanité.
Le Prado nous offre, dans cet ordre de créations, de merveilleux
ouvrages ; tels sont : Y Apparition de la Vierge à saint Bernard, la
Vision de saint Augustin et la Vierge remettant à saint, Ildephonse la
chasuble miraculeuse. Ces trois peintures, de l’exécution la plus ferme
et la plus magistrale, suffiraient à prouver l’étonnante aptitude de
Murillo à traduire l’irréel, le symbolique, le merveilleux, et à
montrer avec quelle certitude, quelle autorité, il sait transformer un
récit de la légende dorée, quelque vision paradisiaque, en une scène
saisissante de vérité, et comme réelle et sensible.
A l’énumération des plus heureuses productions du maitre, il
faut encore joindre VAnnonciation (N° 867 du catalogue), la Vierge au
rosaire, la Conception (N° 877), la Conversion de saint Paul ainsi que
l’harmonieux et ferme tableau de chevalet, intitulé Rébecca et
Eliézer, dont la facture solide et la coloration sobre et puissante
sont un véritable régal pour les yeux. Quatre autres petites compo-
sitions, tirées de la légende de YEnfant prodigue, sont autant de
bijoux de coloris, et deux toiles de la manière le plus naïvement
réaliste : Une vieille femme filant et une Jeune Galicienne tenant une
pièce de monnaie, montrent comment Murillo savait observer la
nature et la rendait, mais non sans grâce, avec la plus entière
subordination à son modèle.
Le chevalier de Malte, Nunez de Villavicencio, est le seul des
élèves de Murillo qui soit représenté au Prado. Son tableau, où il
pastiche non sans esprit la manière naturaliste du maitre, repré-
sente une bande de joyeux gamins, des muchachos déguenillés,
tous de tournure et de mine effrontées, polissonnant et jouant aux
dés au beau milieu de la rue.
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ici pour modèles sa femme et sa fille Francisca, et à voir quelle
tendresse il a apporté à peindre les deux personnages, on n’a pas de
peine à y ajouter foi. Une esquisse de ce même sujet, mais avec de
notables variantes dans la couleur des vêtements et dans la pose
de sainte Anne et de la Vierge, se trouve aussi au Prado.
Un des côtés caractéristiques du talent de l’artiste, c’est la
faculté qu’il possède d’allier étroitemeut, dans ces compositions, le
surnaturel aux êtres et aux choses tangibles et de nous faire accepter
l’apparition, la vision céleste, comme vraies, comme réelles, au
milieu même des actions les plus familières de la vie. Nul peintre,
mieux que lui, n’a su associer à son naturalisme autant d’idéal et de
sentiment du divin et mêler plus de mystère et de rêve à notre
humble et prosaïque humanité.
Le Prado nous offre, dans cet ordre de créations, de merveilleux
ouvrages ; tels sont : Y Apparition de la Vierge à saint Bernard, la
Vision de saint Augustin et la Vierge remettant à saint, Ildephonse la
chasuble miraculeuse. Ces trois peintures, de l’exécution la plus ferme
et la plus magistrale, suffiraient à prouver l’étonnante aptitude de
Murillo à traduire l’irréel, le symbolique, le merveilleux, et à
montrer avec quelle certitude, quelle autorité, il sait transformer un
récit de la légende dorée, quelque vision paradisiaque, en une scène
saisissante de vérité, et comme réelle et sensible.
A l’énumération des plus heureuses productions du maitre, il
faut encore joindre VAnnonciation (N° 867 du catalogue), la Vierge au
rosaire, la Conception (N° 877), la Conversion de saint Paul ainsi que
l’harmonieux et ferme tableau de chevalet, intitulé Rébecca et
Eliézer, dont la facture solide et la coloration sobre et puissante
sont un véritable régal pour les yeux. Quatre autres petites compo-
sitions, tirées de la légende de YEnfant prodigue, sont autant de
bijoux de coloris, et deux toiles de la manière le plus naïvement
réaliste : Une vieille femme filant et une Jeune Galicienne tenant une
pièce de monnaie, montrent comment Murillo savait observer la
nature et la rendait, mais non sans grâce, avec la plus entière
subordination à son modèle.
Le chevalier de Malte, Nunez de Villavicencio, est le seul des
élèves de Murillo qui soit représenté au Prado. Son tableau, où il
pastiche non sans esprit la manière naturaliste du maitre, repré-
sente une bande de joyeux gamins, des muchachos déguenillés,
tous de tournure et de mine effrontées, polissonnant et jouant aux
dés au beau milieu de la rue.