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GAZETTE DES BEAUX-A11TS.
Louise de Savoie, Petit-Jean Champion, qui, à partir de 1528, resta
seul en titre avec Jannet Clouet1 : cependant Guéty vivait tou-
jours, et même il travaillait pour le roi, mais librement2, et à bon
prix. M. de la Borde a publié, en la rapportant à la tin de 1532, une
quittance de 300 livres relative à des dessins, à des études pour
peintures murales, et à la façon de deux livres d’heures enluminés.
On voit, par là, que, même vers la fin de sa carrière, Guéty n’aborda
point la peinture proprement dite ; qu’il fut dessinateur et enlumi-
neur. M. Paul Durrieu s’est fondé sur ce fait pour lui attribuer un
très beau manuscrit de la bibliothèque de Dresde et plusieurs
célèbres manuscrits de Paris.
Ce que nous venons de dire nous incite à porter à l’actif du même
Guéty une remarquable miniature de 1512, offerte à François Ier
pour le jour de ses dix-huit ans, et où se trouve un exquis portrait de
François et de sa sœur. Cette miniature, que nous avons récemment
reproduite 3, accompagne une pièce de vers, plus que médiocre, d’un
certain Joannes Molinus, poète de circonstance, que nous ne connais-
sons que par des vers adressés à André d’Epinay, archevêque de Lyon.
Tout porte à croire que le manuscrit fut offert au prince par sa sœur
elle-même, car la miniature représente une scène familiale et intime :
Marguerite de A^alois amenant son frère (alors acquis à une vie un
peu joyeuse) aux pratiques religieuses et militaires, représentées
l’une par un crucifix, l’autre par un coq. Le talent de Guéty et sa
situation dans la maison du prince autorisent peut-être à lui faire
honneur de cette jolie œuvre.
Grâce à la libéralité de Mgr le duc d’Aumale, nous avons pu
reproduire également, et nous donnons ici un autre portrait de Fran-
çois jeune, bien digne de fixer l’attention. Il ne s’agit plus, cette fois,
d’enluminure, mais d’une peinture sur bois, assez large, que M. Lafe-
nestre a excellemment jugée de prime abord, dans les termes suivants :
« Quelle tête fière à la fois et séduisante nous montre ce comte
d’Angoulême, de mine affable et quelque peu languissante, sous la
longue retombée de son épaisse chevelure blonde! Comme il porte
bravement son riche justaucorps en brocart d’or, largement décolleté
L V. le relevé des comptes, à l'appendice du volume de M. Bouchot, Les
Clouet.
2. Cependant M. de la Borde a publié, à la date de 1532, un reçu signé par lui
d’un quartier de gages.
3. Louise de Savoie et François Ier, Trente ans de jeunesse, par R. de Maulde la
Clavière. Paris, Perrin, in-8°.
GAZETTE DES BEAUX-A11TS.
Louise de Savoie, Petit-Jean Champion, qui, à partir de 1528, resta
seul en titre avec Jannet Clouet1 : cependant Guéty vivait tou-
jours, et même il travaillait pour le roi, mais librement2, et à bon
prix. M. de la Borde a publié, en la rapportant à la tin de 1532, une
quittance de 300 livres relative à des dessins, à des études pour
peintures murales, et à la façon de deux livres d’heures enluminés.
On voit, par là, que, même vers la fin de sa carrière, Guéty n’aborda
point la peinture proprement dite ; qu’il fut dessinateur et enlumi-
neur. M. Paul Durrieu s’est fondé sur ce fait pour lui attribuer un
très beau manuscrit de la bibliothèque de Dresde et plusieurs
célèbres manuscrits de Paris.
Ce que nous venons de dire nous incite à porter à l’actif du même
Guéty une remarquable miniature de 1512, offerte à François Ier
pour le jour de ses dix-huit ans, et où se trouve un exquis portrait de
François et de sa sœur. Cette miniature, que nous avons récemment
reproduite 3, accompagne une pièce de vers, plus que médiocre, d’un
certain Joannes Molinus, poète de circonstance, que nous ne connais-
sons que par des vers adressés à André d’Epinay, archevêque de Lyon.
Tout porte à croire que le manuscrit fut offert au prince par sa sœur
elle-même, car la miniature représente une scène familiale et intime :
Marguerite de A^alois amenant son frère (alors acquis à une vie un
peu joyeuse) aux pratiques religieuses et militaires, représentées
l’une par un crucifix, l’autre par un coq. Le talent de Guéty et sa
situation dans la maison du prince autorisent peut-être à lui faire
honneur de cette jolie œuvre.
Grâce à la libéralité de Mgr le duc d’Aumale, nous avons pu
reproduire également, et nous donnons ici un autre portrait de Fran-
çois jeune, bien digne de fixer l’attention. Il ne s’agit plus, cette fois,
d’enluminure, mais d’une peinture sur bois, assez large, que M. Lafe-
nestre a excellemment jugée de prime abord, dans les termes suivants :
« Quelle tête fière à la fois et séduisante nous montre ce comte
d’Angoulême, de mine affable et quelque peu languissante, sous la
longue retombée de son épaisse chevelure blonde! Comme il porte
bravement son riche justaucorps en brocart d’or, largement décolleté
L V. le relevé des comptes, à l'appendice du volume de M. Bouchot, Les
Clouet.
2. Cependant M. de la Borde a publié, à la date de 1532, un reçu signé par lui
d’un quartier de gages.
3. Louise de Savoie et François Ier, Trente ans de jeunesse, par R. de Maulde la
Clavière. Paris, Perrin, in-8°.