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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Maulde la Clavière, Marie Alphonse Réne de: À propos de quelques portraits de François Ier
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0166
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QUELQUES PORTRAITS DE ERANÇOIS Br.

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et crevé de satins bleus, sa toque noire à plume blanche, où brille
l’enseigne d’or à figure allégorique! Nulle brusquerie dans le
découpage de ce jeune profil, délicatement modelé sur le fond
verdâtre! L’air de famille avec François Ier saute aux yeux; on a pu
même prendre ce personnage tantôt pour le fils, tantôt pour le père.
Que ce soit Charles ou bien François, l’œuvre se place entre 1490
et 1515, et nous donne certainement la manière d’un peintre en
renom qui n’est pas le vieux Clouet de Bruxelles, à qui l’on doit
supposer un air plus flamand 1 2. »

M. Lafenestre a parfaitement raison; la facture rentre bien dans
le cycle indiqué. Et, si, au point de vue purement historique, nous
poussons plus loin nos conclusions, nous arriverons de suite à ne pas
trouver dans ce jeune homme, de dix-huit à dix-neuf ans, au duvet
naissant, le père de François Ier, qui mourut le 1er janvier 1496, à
l’âge de trente-six ou trente-sept ans.

Pour François, nous sommes plus à l’aise; son iconographie est
très riche ; peu de princes ont aussi souvent occupé la palette, et on peut
suivre pas à pas ses transformations physiques. Le portrait de
Chantilly nous donne une ressemblance frappante.

Chronologiquement, ce portrait vient immédiatement après la
miniature dont nous avons parlé plus haut, et qui se réfère à une date
certaine : le 12 septembre 1512. Il doit être de 1514. Les traits ont un
peu vieilli ; ils gardent une certaine morbidesse, la barbe hasarde
à peine son apparition, et cependant l’expression a sensiblement
changé: l’œil a pris plus d’acuité et de fixité, la gaieté est plus
contenue. La bouche surtout indique un jeune homme qui a mordu à
la vie. Il y a aussi dans l’ensemble une expression alanguie, qui jure
un peu avec la solidité de la carrure. L’histoire morale de François Ier
à ce moment explique assez tous ces indices.

Quel est l’auteur du portrait? Nous possédons un fragment de
l’expédition originale d’un compte delà maison de François Ier à ce
moment, et nous y trouvons le nom d’un peintre, dénommé le Matelot \

1. Maîtres anciens, Paris, Renouard, 1882, p. 211.

2. Le texte porte : « A Legier Prêchent Cochon et au Mathelot painctres de
mondit seigneur, a LX s. l’aune (il s’agit d’une distribution d’étoffes) XL liv. X s. »
Mais ce texte n'est lui-même qu’une expédition, et il faut se défier de l’s de
« paintres ». Quant au personnage nommé le premier, on peut sans doute y
voir un nommé Légier Prégent dit Cochon, à moins qu’on ne préfère le découper
en trois personnes. Ajoutons que le nom de Prégent et le surnom de Matelot lais-
sent une impression bretonne, ce qui pourrait s’expliquer par le fait que François Ier
 
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