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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 6
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Marx, Roger: Les salons de 1895, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0464
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442

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lui semble-t-il, « l’art, plus à l’aise et plus libre, loin du bruit et du
trafic, réapparaît dans sa dignité » et la chapelle des Saints-Anges le
console du néant de la production éphémère. Ainsi, aux heures de
trouble, d’incertitude et de controverse, plus d’un s’en vient quérir
auprès de Y Été, auprès de V Enfance de Sainte-Geneviève, l’oubli de la
vanité et du tumulte, l’apaisement et les réconfortantes assurances.

La peinture monumentale se présente avec le prestige de la
survie ; assurée de durer autant que la muraille qui la sertit, elle
n’est conçue ni en vue d’une génération, ni en vue d’une classe; elle
est dédiée à la postérité, elle s’adresse à l’àme universelle. C’est
aussi son privilège d’exciter aux retours vers le passé, de rappeler le
but initial de l’art de peindre, comment la décoration a constitué sa
meilleure raison d’ètre aux anciens temps, qui virent s’élever les
hypogées et les apàdanas, la Lesché de Delphes et les villas pom-
péiennes, puis le long des siècles de l’ère nouvelle. A la pratique
suivie de la fresque, Théophile Gautier attribuait l’éclatante fortune
des écoles transalpines. Que ne doit pas de son côté notre art de
France aux peintures des châteaux, à celles des églises surtout,
d’une ferveur si communicative, si efficace, selon la ballade :

Femme je suis povrette et ancienne,

Ne rien ne scay ; oncqiies lettres ne leuz ;

Au moustier voy, dont je suis paroisicnne,

Paradis painct, où sont harpes et luz,

Et ung enfer où damnez sont boulluz :

L'ung me fait paour, l’aultre joye et liesse.

La joye avoir fais moy, haulte Déesse,

Y qui pescheurs doibvent tous recourir,

Comblez de foy, sans faincte ne paresse,

En ceste foy je vend vivre et mourir.

La suggestion de ces images ne saurait être moins édifiante pour
les peintres d’aujourd’hui que pour la vieille de Villon. A nulle
époque ne se succédèrent à aussi brefs intervalles les entreprises de
décoration architectonique. Qu’on se rappelle le Panthéon, l’Hôtel
de Ville, les mairies suburbaines. Tout édifice public réclame d’ètre
embelli. Par malheur, la faveur exclusive du tableau a entraîné
l’oubli des principes de la peinture murale. D’aucuns sourient de la
naïveté du moyen âge ; mais les règles primitives énoncées par le
moine Théophile dans sa Schédule ou par Villard de Honnecourt
sont méconnues à plaisir par nos chargés de commandes. Ah ! s’ils
 
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