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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 1
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Fidière, Octave: La collection Grandidier
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0060
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52

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

matières colorantes portent, sous le règne de Tching Hoa (1465-1488),
à un très haut degré de perfection. Cette période, qui est regardée
par beaucoup d'amateurs comme une des plus brillantes de la porce-
laine chinoise, est représentée par une série de grands vases de diffé-
rentes formes dont les fonds accusent trois nuances principales :
jaune, gros-vert noirâtre et vert limpide (vert d’huile). Les décors
comprennent des rochers verts de plusieurs tons, des troncs et des
rameaux en violet de manganèse, des fleurs, des plantes et des
animaux; les personnages y figurent plus rarement. Sous les
successeurs du Tching-Hoa : Houng-Tchi, Tching-Te, Kia-Tsing et
Ouan-Li, les progrès de cette fabrication ne font que croître. La
collection Grandidier montre de superbes échantillons de cette
période, d’une authenticité indiscutable et timbrés du nien-hao ou
cachet de ces souverains. Parmi les meilleurs, nous noterons une
magnifique garniture d’autel bouddhique, composée d’un brûle-
parfums, de deux flambeaux et de deux vases; sur un fond bleu foncé
se détachent des dragons dorés à cinq griffes (Kia-Tsing). Nous
citerons encore un vase turbiné à base élargie, vert-olive, à larges
taches sang-de-boeuf et bleutées (Ouan-Li), un vase balustre, fond
vert, chargé d’arabesques violettes avec long col évasé accosté, en
guise d’anses, de têtes d’éléphants, une jardinière ovale quadrilobée,
ornée de plantes sur un fond mosaïque, ainsi qu’une potiche fond
mosaïque, portant des réserves blanches décorées d’animaux et de
plantes en couleur.

Bien que la collection offerte par M. Grandidier au Louvre se
compose presque exclusivement de porcelaines, nous croyons savoir
qu’il y a maintenu certain petit groupe en grès émaillé qui, pour être
d’une exécution un peu fruste, n’en est pas moins un chef-d’œuvre
d’observation naïve et spirituelle : nous voulons parler d’un person-
nage bouddhique qui, d’un air malicieux, regarde un chien ou lion
de Fô, assis devant lui.

Le modelé, tant soit peu maladroit de cette figurine, que M. Gran-
didier fait remonter à l’époque de Siouen-Te, indique un art encore
dans l’enfance. Nous retrouvons les mêmes, qualités d’observation,
jointes à une habileté d’exécution supérieure, dans une statuette
représentant un homme assis, derrière lequel se glisse un diablotin
aux oreilles pointues. Ce personnage estTchong-Koué, le destructeur
des mauvais génies, qui jouit de la faculté de se métamorphoser à
volonté pour mieux exterminer les démons. On sait que la religion
chinoise — ou plutôt les trois religions dont les Célestes confondent
 
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