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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 1
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Lefort, Paul: L' Académie de San Fernando, 2: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0070
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60

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

aujourd’hui, qu’ont fait partie le San Diego d’Alcalà avec les pauvres
et l’Extase de saint François d’Assise. Comme dans la Cuisine des
anges, Murillo reflète tour à tour, ici, chacun des maîtres qu’il a
admirés. C’est la préoccupation de Velâzquez qui se perçoit nettement
dans le San Diego d’Alcaïà, tandis que Ribera et van Dyck pourraient
revendiquer chacun quelque partie dans l’exécution de l’Extase.
Mais en dépit de tant de flagrantes réminiscences, on sent dans ces
ouvrages l’effort d’un maître qui cherche à débrouiller sa propre
personnalité et qui ne va pas longtemps tarder à la conquérir et à
l’affirmer.

Vingt ans encore, et l’artiste atteint sa plus grande force et sa
plus parfaite exécution. C’est, en effet, de l’année 1665 que datent
les deux superbes toiles, allusives à la fondation de l’église de Sainte-
Marie-Majeure, à Rome, qui lui furent commandées pour la paroisse
de Santa-Maria-la-Blanca, à Séville, appelée aussi Sainte-Marie-des-
Neiges, par son ami, le chanoine don Justino Neve.

Le sujet, représenté dans la composition que l’on désigne par ce
titre : Le Songe du patricien, est emprunté à la pieuse légende rapportée
par les annales ecclésiastiques. En l’année 352, sous le pontificat
de Liberio, vivait à Rome avec son épouse, un patricien nommé Jean.
Ils possédaient de grands biens, mais n’avaient point d’enfant.
Résolus à employer leur fortune à quelque fondation pieuse, ils
prièrent la Vierge de leur révéler quelle fondation lui agréerait
davantage. Dans un songé qu’ils eurent, la Vierge leur apparut, leur
indiquant d’édifier une basilique placée sous son invocation sur la
partie de l’Esquilin qu’ils verraient le lendemain matin couverte
de neige.

Telle est bien l’action figurée dans ce premier tableau. Le patri-
cien et sa femme se sont endormis pendant quelque pieuse veille, et
une céleste vision visite leurs rêves, illuminant leurs traits d’une
émotion profonde. Le patricien, vêtu d’un pourpoint jaune profond,
que recouvre un court manteau d’un bleu gris, sommeille, accoudé à
une table couverte d’un tapis rouge bordé d’une large bande de
velours cramoisi, tandis que safemme repose, gracieusement affaissée
au bord du lit. Elle est parée d’un corsage rouge éteint, à crevés, garni
d’épaulettes de rubans roses, qui laisse passer une étroite manche
verte ; de sa main s’échappe un voile blanc. Dans les plis de la
robe d’un rouge ponceau, se pelotonne un petit chien blanc. Une
corbeille d’osier, remplie d’étoffes blanches et roses, est posée à terre
près d’un pilastre, séparant la chambre où se passe cette scène d’un
 
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