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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 14.1895

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Nr. 4
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Buisson, Jules: Jean Baptiste Tiepolo et Dominique Tiepolo, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24667#0314
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294

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’ailleurs plus juste. Il consacre plus de temps à regarder, à
observer qu’à exécuter — condition excellente. — L’action de l’acide
ajoute ensuite au trait je ne sais quel mordant, quel accent imprévu.
Rien n’échappe de la sensation spontanée; c’est l’inspiration trans-
mise à chaque trait au spectateur, sans intermédiaire d’aucune
sorte. On sent le dessinateur dévisager la nature, s’imprégner de la
forme des choses et la figurer sous leur dictée. Cette impression est
dominante dans les eaux-fortes de Jean-Baptiste, plus encore que
dans celles de son fils. Cela tient surtout à ce qu’il n’est pas un
spécialiste et n’a eu ni la volonté ni l’occasion ou le temps de se
faire une habitude, de se diminuer dans une manière. Il s’est
contenté de trouver cette manière et de la transmettre à Dominique,
qui l’a pratiquée et développée en professionnel consommé. On sent
davantage, dans la série des Jean-Baptiste, qui ne sont point des
reproductions de tableaux, l’exécution d’après nature.

Pour le grand décorateur, pour le peintre exquis de toiles de
chevalet qui sont des perles, l’eau-forte n’a d’ailleurs été qu'une
floraison accessoire. Et cependant, peut-être n’a-t-il jamais été plus
exclusivement lui-même, plus inventeur,que dans ses eaux-fortes; je
parle non des gravures de ses tableaux, mais de ses badinages,
de ces Scherzi di fantasia imprimés à Madrid et à Venise, en deux
séries. En dehors de ces fantaisies, on n’a guère d’ailleurs signalé
jusqu’à présent qu’une douzaine d’estampes gravées par Jean-
Baptiste d’après ses peintures.

Qu’on veuille bien regarder la planche n° 17 de la série des
Caprices, dont le frontispice est une famille de hiboux perchée sur
une roche, qui porte ce titre gravé : Scherzi di fantasia dei Celebre Sig.
Gio-Batista Tiepolo Veneto Pitore morto in Madrid al Serviggiodi S. M. C.

Inspiration de l’exécution, bonheur de la main, bonheur de la
morsure s’y rencontrent si à point, qu’on y peut surprendre sa
manière dans sa fleur et dans sa force. Tout est y dessiné et ressenti
ad vivum; il n’y a point une seule figure qui ne soit visiblement
exécutée d’après nature. Lejeune homme qui montre, sur une pierre
tombale soulevée, la figure en relief de Polichinelle, le torse large-
ment éclairé, frissonne de vie et de lumière; la touche est à vit;
le dessin est franc et nerveux, la transparence des ombres'défie toute
comparaison. La jeune femme qui se retourne au premier plan est
d’un grand caractère et d’une sûreté de forme qui rappelle l’extraor-
dinaire certitude de la brosse de Velâzquez, dont la formule pourrait
être définie : caractériser la forme en se jouant, car il y a de la joie
 
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