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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Crucifixion. Cette dernière œuvre est classée, dans le catalogue,
comme une copie d’après une production disparue de l’atelier du
maître; une peinture qui se trouve dans l’église de Bühl, près de
Guebvillcr, offre une certaine analogie avec cette composition.
M. Galichon avait dit avant M. Eugène Müntz : « Les dessins de
Schongauer ne sont pas moins rares que ses tableaux; beaucoup de
ceux qui lui sont attribués sont apocryphes. » L’excellent critique
reconnaissait, au nombre des dessins de Bâle qui lui semblaient
incontestables, celui oii est figurée la sainte Vierge, lisant dans un
livre, à côté de l’Enfant Jésus qui tient à la main un poêlon à trois
pieds. On retrouve dans cet ouvrage le type de Madone cher à Schon-
gauer; il a été copié presque textuellement par un graveur anonyme,
connu sous les initiales B. M., graveur qui, par ses productions,
semble apparenté au Maître de la Roue de Sainte Catherine.
M. Georges Duplessis a parlé de planches en argent possédées
par le Musée de Bâle et dont on lit tirer, en 1858, dix-huit épreuves,
qui furent adressées aux principaux Musées d’Europe. Ces gravures
représentaient, pour la plupart, des scènes de la vie de la Vierge et
du Christ et des effigies d’apôtres. Passavant les regarde comme
appartenant en partie au maître, ou plutôt il les croit exécutées dans
son atelier et sous sa direction. Dans ces sujets, il faudrait voir en-
core, après un mûr examen, des travaux d’élèves. Ces pièces sont
postérieures à Schongauer, et ce précieux envoi ne se compose, tout
bien considéré, que de productions d’une importance secondaire.
Martin Schongauer avait un frère, Ludwig, qui, à Bâle, nous
apparaît comme un dessinateur naïf d’animaux. Un de ses dessins,
un Loup enlevant une chèvre, n’offre aucun mouvement; l’animal
ravisseur tient sa victime par une oreille et la conduit placidement
vers les bois. Son Cerf couché est bien supérieur au morceau précé-
dent. Faut-il, après avoir vu ces œuvres, attacher beaucoup d'impor-
tance à cet artiste? Mérite-t-il qu’on revienne à lui de plus près?
A l’heure présente, son rôle a été élargi; on a aussi examiné en lui
le peintre, et malgré la faiblesse des dessins que nous pouvons
signaler, il semble avoir été le successeur de son frère et le directeur
de l’atelier de Colmar, après la mort de celui-ci.
Les notes biographiques, qui lui ont été consacrées par Passa-
vant, se trouvent complètement inexactes1. L’année de la naissance de
1. Le Peintre graveur, II, 115. Nagler, dans son Dictionnaire, donne également
des renseignements erronés.
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Crucifixion. Cette dernière œuvre est classée, dans le catalogue,
comme une copie d’après une production disparue de l’atelier du
maître; une peinture qui se trouve dans l’église de Bühl, près de
Guebvillcr, offre une certaine analogie avec cette composition.
M. Galichon avait dit avant M. Eugène Müntz : « Les dessins de
Schongauer ne sont pas moins rares que ses tableaux; beaucoup de
ceux qui lui sont attribués sont apocryphes. » L’excellent critique
reconnaissait, au nombre des dessins de Bâle qui lui semblaient
incontestables, celui oii est figurée la sainte Vierge, lisant dans un
livre, à côté de l’Enfant Jésus qui tient à la main un poêlon à trois
pieds. On retrouve dans cet ouvrage le type de Madone cher à Schon-
gauer; il a été copié presque textuellement par un graveur anonyme,
connu sous les initiales B. M., graveur qui, par ses productions,
semble apparenté au Maître de la Roue de Sainte Catherine.
M. Georges Duplessis a parlé de planches en argent possédées
par le Musée de Bâle et dont on lit tirer, en 1858, dix-huit épreuves,
qui furent adressées aux principaux Musées d’Europe. Ces gravures
représentaient, pour la plupart, des scènes de la vie de la Vierge et
du Christ et des effigies d’apôtres. Passavant les regarde comme
appartenant en partie au maître, ou plutôt il les croit exécutées dans
son atelier et sous sa direction. Dans ces sujets, il faudrait voir en-
core, après un mûr examen, des travaux d’élèves. Ces pièces sont
postérieures à Schongauer, et ce précieux envoi ne se compose, tout
bien considéré, que de productions d’une importance secondaire.
Martin Schongauer avait un frère, Ludwig, qui, à Bâle, nous
apparaît comme un dessinateur naïf d’animaux. Un de ses dessins,
un Loup enlevant une chèvre, n’offre aucun mouvement; l’animal
ravisseur tient sa victime par une oreille et la conduit placidement
vers les bois. Son Cerf couché est bien supérieur au morceau précé-
dent. Faut-il, après avoir vu ces œuvres, attacher beaucoup d'impor-
tance à cet artiste? Mérite-t-il qu’on revienne à lui de plus près?
A l’heure présente, son rôle a été élargi; on a aussi examiné en lui
le peintre, et malgré la faiblesse des dessins que nous pouvons
signaler, il semble avoir été le successeur de son frère et le directeur
de l’atelier de Colmar, après la mort de celui-ci.
Les notes biographiques, qui lui ont été consacrées par Passa-
vant, se trouvent complètement inexactes1. L’année de la naissance de
1. Le Peintre graveur, II, 115. Nagler, dans son Dictionnaire, donne également
des renseignements erronés.