LES BRONZES DE JACQUES DE GERINES
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ce qui est beaucoup dire, si l’on tient compte du peu de valeur du
tableau. Jacqueline porte, dans les deux images, l’ordre de Saint-
Antoine dont elle était le chel. Quant au prétendu portrait de son
père, on s’étonne de lui voir les armoiries des comtes de llainaut
au lieu de celles de la maison de Bavière, même si l’écusson, ce qui
paraît évident, date de la restauration de Quellien. 11 y a lieu d’hési-
ter à reconnaître ici un comte de la maison de llainaut, vu que le
personnage porte l'ordre de Saint-Antoine, institué en 1384 par Albert
de Bavière. Il est vrai d’ailleurs que cet ordre est mal rendu sur les
deux ligures — le tau manque entre la ceinture d’ermite et la clo-
chette—, et il me semble que celte faute ne peut être due à la restau-
ration. Mais tout cela ne nous avance pas à grand'chose. La seule
conclusion que l'on puisse en tirer est que les doux portraits ne peu-
vent être contemporains des personnages représentés. Et ceci ne nous
étonnera pas, si nous songeons que l’hôtel de ville d’Amsterdam avait
été détruit une première fois, en 1452, par un incendie. En somme,
à considérer les détails et le style, il est très probable que ces deux
statuettes ont été exécutées d’après des modèles détériorés, dans la
seconde moitié du xve siècle, en même temps que les deux autres.
Quant à Philippe le Bon, nous connaissons assez son type maigre et
chauve pour oser déclarer que la statuette d’Amsterdam, avec son
visage plutôt joufflu et sa longue chevelure, n’est pas son effigie.
L’écusson de Bourgogne exclut les suppositions qui voudraient qu’il
s agît de tout autre que de lui ou de son fils Charles le Téméraire ; et,
même si l'on voulait douter de l’autorité de ces armoiries, refaites au
xvue siècle, la Toison d’or suffirait pour nous fixer, car elle est sus-
pendue, non comme du temps de Philippe, à une chaîne de pierres à
tusil, mais à une courte chaîne identique à celles qui soutiennent
les grelots autour de sa ceinture, ce qui nous ramène au temps du
dernier duc. Je ne doute pas que nous ne possédions ici un portrait
du duc Charles, contemporain et ressemblant. Seulement, il ne faut
pas qu’on le compare aux portraits de sa jeunesse, qui ont servi de
modèles à la statue d’Innsbruck, mais aux autres, plus rares, qui
datent de son âge mûr, comme, par exemple, celui de l’oratoire de
Charles-QuintL Quanta la femme aux petits chiens, je ne hasarderai
pas même une conjecture, tant que je n’aurai pas trouvé la solution
de cet autre problème, à savoir quelles ont été les causes du choix
qui fut fait.
U A.-J. Wauters, Hans Memling, fig. 45.
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ce qui est beaucoup dire, si l’on tient compte du peu de valeur du
tableau. Jacqueline porte, dans les deux images, l’ordre de Saint-
Antoine dont elle était le chel. Quant au prétendu portrait de son
père, on s’étonne de lui voir les armoiries des comtes de llainaut
au lieu de celles de la maison de Bavière, même si l’écusson, ce qui
paraît évident, date de la restauration de Quellien. 11 y a lieu d’hési-
ter à reconnaître ici un comte de la maison de llainaut, vu que le
personnage porte l'ordre de Saint-Antoine, institué en 1384 par Albert
de Bavière. Il est vrai d’ailleurs que cet ordre est mal rendu sur les
deux ligures — le tau manque entre la ceinture d’ermite et la clo-
chette—, et il me semble que celte faute ne peut être due à la restau-
ration. Mais tout cela ne nous avance pas à grand'chose. La seule
conclusion que l'on puisse en tirer est que les doux portraits ne peu-
vent être contemporains des personnages représentés. Et ceci ne nous
étonnera pas, si nous songeons que l’hôtel de ville d’Amsterdam avait
été détruit une première fois, en 1452, par un incendie. En somme,
à considérer les détails et le style, il est très probable que ces deux
statuettes ont été exécutées d’après des modèles détériorés, dans la
seconde moitié du xve siècle, en même temps que les deux autres.
Quant à Philippe le Bon, nous connaissons assez son type maigre et
chauve pour oser déclarer que la statuette d’Amsterdam, avec son
visage plutôt joufflu et sa longue chevelure, n’est pas son effigie.
L’écusson de Bourgogne exclut les suppositions qui voudraient qu’il
s agît de tout autre que de lui ou de son fils Charles le Téméraire ; et,
même si l'on voulait douter de l’autorité de ces armoiries, refaites au
xvue siècle, la Toison d’or suffirait pour nous fixer, car elle est sus-
pendue, non comme du temps de Philippe, à une chaîne de pierres à
tusil, mais à une courte chaîne identique à celles qui soutiennent
les grelots autour de sa ceinture, ce qui nous ramène au temps du
dernier duc. Je ne doute pas que nous ne possédions ici un portrait
du duc Charles, contemporain et ressemblant. Seulement, il ne faut
pas qu’on le compare aux portraits de sa jeunesse, qui ont servi de
modèles à la statue d’Innsbruck, mais aux autres, plus rares, qui
datent de son âge mûr, comme, par exemple, celui de l’oratoire de
Charles-QuintL Quanta la femme aux petits chiens, je ne hasarderai
pas même une conjecture, tant que je n’aurai pas trouvé la solution
de cet autre problème, à savoir quelles ont été les causes du choix
qui fut fait.
U A.-J. Wauters, Hans Memling, fig. 45.