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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 1
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Babelon, Ernest: Les camées antiques de la Bibliothèque Nationale, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0037
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

siècle, c’est parce qu’à cette époque, comme sous Louis XIV et pen-
dant la Renaissance, on collectionnait indifféremment les camées
modernes et les camées antiques, ou plutôt c’est parce que la grande
majorité des camées que l’on croyait antiques sont en réalité des pas-
tiches dus à d'habiles lithoglyphes modernes. Les artistes d’ailleurs,
ne s’en cachaient pas; ils retouchaient les camées antiques, y ajou-
taient des signatures grecques, en gravaient de toutes pièces dans le
style et le goût antiques, et plus d'un collectionneur était heureux et
lier de posséder, à défaut d’un original, un équivalent qui lui en
tint lieu. Aujourd’hui, la critique s’efforce d’opérer une sélection
impitoyable; que tel amateur collectionne les œuvres d’art antiques,
que tel autre rassemble les modernes, c’est fort bien ; mais on ne
tarirait pas en railleries, on n’aurait pas assez de moqueries
justifiées à l’adresse de quiconque s’aviserait de se composer, pour
remplacer les originaux hors de sa portée, une galerie de copies,
quelque parfaites qu’elles pussent être. Si donc les amateurs de ca-
mées antiques sont devenus fort rares aujourd’hui, ce n’est pas que
le goût des choses délicates se soit perdu, c’est qu’on ne saurait plus,
sans encourir un blâme universel, se contenter de pastiches et que,
partant, la patience dont il faudrait faire preuve pour trouver de
vrais antiques et réunir une collection digne de ce nom rebute les
plus courageux et les mieux intentionnés. Je pourrais citer un
nombre encore respectable d’amateurs d'intailles ou de bagues au
chaton desquelles des intailles sont enchâssées; mais, pour ce qui
est des amateurs de camées, je ne connais guère que M. le baron
Roger deSivry, dont la collection a été commencée depuis déjà au
moins deux générations, et feu le comte Tyszkiewicz, qui acquit en
bloc la fameuse collection Ludovisi et n’a cessé, pendant de longues
années, d’acheter sans compter les plus belles reliques de la glyptique
grecque et romaine, apportées sur le marché par le hasard des trou-
vailles. D’autres amateurs ne possèd-ent, en fait de camées antiques,
que des unités, mais ils n’ont jamais réussi à constituer une série ou
même un groupe de quelque importance. C’est que, si rien n'est
plus commun, chez les antiquaires, que les vulgaires produits de la
glyptique romaine, tels que les onyx sculptés entêtes de Méduse qui
servaient de phalères ou de décorations aux soldats, les sardoines
grossières gravées en têtes de divinités, en masques scéniques ou
bachiques ou d’autres types sans grand intérêt archéologique ou ar-
tistique; si toutes les sébiles des marchands de bric-à-brac sont rem-
plies de camées ou d’intailles, quelquefois antiques, en pierres fines
 
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