Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

DOI issue:
Nr. 1
DOI article:
Babelon, Ernest: Les camées antiques de la Bibliothèque Nationale, 1
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0038
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LES CAMÉES ANTIQUES DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE 31

ou en pâte vitreuse, où la banalité du sujette dispute à la médiocrité
du travail et à l'infime qualité des nuances de la gemme, — rien
n'est plus rare que de rencontrer un beau et grand camée antique, sur
une sardonyx aux couches multicolores et chatoyantes, précieuse par
la matière et par l’art, digne, en un mot, d'un musée ou d’une galerie
d’amateur éclairé. Un quart de siècle n’en produit pas une demi-
douzaine, et ce sont moins des fouilles heureuses qui les mettent au
jour, que la dispersion d’une ancienne collection ou un acte ignoré
de vandalisme commis dans quelque trésor d’église.

Aussi est-ce pitié, en vérité, de voir un musée comme celui de
Berlin se donner les allures des gens pressés ou des parvenus qui
veulent à tout prix faire grande figure, racoler en masse tout ce qui
se trouve de médiocrités chez les plus vulgaires marchands, ramasser
d’énormes suites d’empreintes et nous présenter pompeusement un
catalogue où l’on compte près de douze mille numéros. En dehors
d’une intéressante série d’intailles de l’époque mycénienne, il ne s’y
rencontre certainement pas deux cents gemmes, camées ou in tailles,
qui soient dignes d’un grand musée; et puisque Berlin est entré
dans cette voie des banalités et des empreintes en pâtes vitreuses
modernes, je me demande, en vérité, pourquoi il s’est arrêté en si
beau chemin, car au lieu de 12.000 gemmes, il lui eût été facile d’en
cataloguer 120.000, pour ne pas dire un million.

Une collection de plus de mille camées, comme celle du Cabinet
des médailles, n’est pas l’œuvre d’un jour, ni même d’un siècle; à
cause du longpassé d’efforts incessants qu’elle représente, elle con-
stitue un ensemble unique au monde, que ne sauraient détrôner les
millions accumulés soudain et dépensés en recherches ou acquisitions
nouvelles; elle fait revivre^ en quelque sorte, sous nos yeux, les
dactyliothèques d’un Ptolémée Philadelphc ou d’un Mithridate dont
l’antiquité tout entièredemeura comme éblouie. Elle en est, d’ailleurs,
en quelque sorte l’héritière directe, car la plupart des camées de la
Bibliothèque Nationale, comme aussi ceux du Musée deVienne, n’ont
jamais été perdus ; ils n’ont, à aucune époque, cessé d’être considérés
comme précieux et les générations successives se les sont transmis
à travers les âges, et malgré toutes les révolutions ou les boulever-
sements sociaux. Ces bas-reliefs en pierres fines, de dimensions
médiocres ou même exiguës, faciles à transporter ou à dissimuler
et dont la destruction, contrairement à celle des bijoux d’or et
d’argent, ne pouvait être lucrative, ont échappé aux actes de vanda-
lisme dont les annales de tous les peuples et de tous les temps sont
 
Annotationen