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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Pottier, Edmond: Le lotus dans l'architecture égyptienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0089

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dont son livre est semé, on peut suivre les modifications incessantes
et profondes que cet élément a subies à travers les âges.

Pausanias dit qu’à Olympie, dans le temple de Junon, on voyait
encore de son temps une colonne de bois. C'était tout ce qui restait
de l’ancien édifice érigé vers le vme siècle, dans lequel, peu à peu,
à mesure qu’un support menaçait ruine, on avait remplacé toutes
les parties de bois par des matériaux de pierre : cette transformation
dura des siècles. Aussi les fouilles ont-elles permis de constater que
toutes les colonnes de l’Héraion ont un galbe différent. Les chapi-
teaux en sont très variés. « On y trouve, disent MM. Laloux et Mon-
ceaux dans leur Restauration cl'Olympie, tous les types successifs,
depuis le vieux chapiteau massif à l'échine lourde, épais de galbe, du
viie et vi0 siècle, jusqu'au chapiteau élégant, pur de profil, du temps
de Périclès, ou au chapiteau raide et froid de l’époque romaine. »

Cette histoire de l’Héraion grec est celle de l’architecture égyp-
tienne. Envisagée comme un édifice immense, se développant pen-
dant des centaines de siècles, elle se présente avec des transforma-
tions successives et lentes, qui conduisent des formes ligneuses aux
formes de pierre, des ornements réels aux ornements peints ou
sculptés, des chapiteaux à fleurs détaillées aux chapiteaux à fleurs
tronquées, du fût lisse au fût à plusieurs tiges, du monolithe aux
tambours superposés, puis à la maçonnerie et au blocage. C’est comme
un souffle perpétuel de vie qui passe à travers ces monuments de
pierre, les remuant, les changeant, les perfectionnant ou les altérant.
Vues sous le raccourci de l’histoire, toutes ces colonnes, en appa-
rence immobiles et pétrifiées, deviennent autant de plantes énormes
qui naissent, grandissent, s’enllent et s’épanouissent, ou se flétris-
sent et se découronnent. Rien ne fait mieux comprendre à quel
« devenir » perpétuel tout travail humain est condamné et comment,
dans les œuvres qui sembleraient au premier abord les plus immua-
bles, la loi du changement reste souveraine.

L’idée que les hommes primitifs vivaient dans des cavernes, les
fables sur les Troglodytes, n’ont pas peu contribué à faire croire que
les antiques piliers taillés dans le roc ont dû être les premiers mo-
dèles des architectes égyptiens. De là est née la célébrité des piliers
de Beni-Hassan, qui, aux yeux de beaucoup d’archéologues, ont
passé même pour les prototypes de l’ordre dorique grec. M. G. Fou-
cart rétablit, par une suite de raisonnements très serrés, les véri-
tables origines de la colonne égyptienne. Elle dérive du support en
bois, tout simplement, et par là se vérifie une fois de plus celte loi
 
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