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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 1
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Pottier, Edmond: Le lotus dans l'architecture égyptienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0090
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LE LOTUS DANS L’ARCHITECTURE EGYPTIENNE

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générale dont nous saisissons maintenant les effets dans l'architec-
ture égyptienne, dans l’architecture grecque, dans l’architecture
gothique : quand une construction de pierre se substitue à une
construction de bois, elle conserve et elle met en évidence comme
ornements la plupart des éléments ligneux d’où elle est sortie.

Mais comment retrouver l’architecture en bois des premiers
Égyptiens, puisque leurs monuments de pierre ont eux-mêmes dis-
paru? La solution présentée par l’auteur est toute nouvelle : c’est un
des points saillants de sa thèse. Il étudie l’écriture et montre que
certains idéogrammes, dont la création doit remonter à la plus
lointaine antiquité, reproduisent la hutte primitive, le tronc ou bâton
fourchu qui soutenait la toiture de roseaux, ensuite une vraie co-
lonne ronde, pourvue d’un tenon qui venait s’emmancher dans la
solive du plafond, puis des piliers à plusieurs pans, enfin de véri-
tables édicules. D’autre part, le rituel égyptien, très formaliste, a
donné à certaines représentations ligurées des formes traditionnelles
et immuables, par exemple aux édicules qui abritent une divinité
ou un objet sacré. Ces images ne répondent nullement à l’archi-
tecture réelle de telle ou telle époque. Elles sont les mêmes dans
des reliefs de la xue dynastie et dans ceux de l’époque ptolémaïque.
C’est comme un signe déterminatif du sanctuaire religieux ou de
l'offrande funéraire. Par conséquent, elles représentent aussi un
type de construction extrêmement ancien dans lequel on retrouve
tout le détail des éléments ligneux.

Signalons encore ici une réflexion très judicieuse. Beaucoup de
savants ont naturellement songé à tirer des peintures égyptiennes bon
nombre de documents précieux sur les édifices disparus. Mais M. G.
Foucart montre qu’on a commis presque toujours de grosses erreurs
dans la façon d’interpréter ces images. Il faut savoir les «lire»
comme aujourd’hui on lit un plan, car elles sont tracées d’après des
principes tout conventionnels. Le peintre égyptien ignore la perspec-
tive et, en même temps, il est préoccupé de rendre un bâtiment tel
qu’il est, dans tous ses détails. Pour y arriver, il juxtapose et il su-
perpose les différentes parois et colonnades qui le composent. Cette
théorie sur la manière de comprendre les motifs d’architecture
demandait des développements si particuliers et si minutieux que
l'auteur, pour alléger sa thèse, a du en faire l’objet d’un mémoire
particulier, inséré dans la Revue archéologique^. Elle ouvre une voie

1. Revue archéologique, 1896, 11, p. 279-318.

xix. — 3e PÉRIODE

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