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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 2
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Gauthiez, Pierre: Hans Holbein sur la route d'Italie, 2: Lucerne, Altdorf
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0185
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i72

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

l’arrangement matériel de la Cène de Holbein1. L’esprit catholique
s’efface de jour en jour chez le peintre à partir de 1519. Holbein
reniait le Christ de la tradition catholique, il oubliait ses œuvres et
ses patrons de Lucerne, quand il composait la belle gravure du Christus
vera lux. En 1527, le calendrier zwinglien la reproduira2.

Bàle, qui ne semble jamais avoir fait cas du pauvre Holbein le
vieux, eut la gloire de s’appliquer à mettre Hans Holbein le jeune
au nombre de ses citoyens d’élite, à le fixer pour toujours. Patin
prétend que le «Sénat de Bâle» aurait assuré à Holbein cinquante
florins, quand il était encore à Londres, s’il revenait dans la cité
suisse. Le beau portrait acquis récemment par le Musée de Berlin,
et que nous reproduisons ici, semble appartenir à cette période des
travaux en Angleterre3. Mais la ville de Bâle, intelligente et libérale,
n’avait pas attendu que Holbein fît son premier voyage outre-mer
pour l’apprécier; en 1520, Holbein était mis en possession du droit
de bourgeoisie4 et « jurait, suivant la coutume ». En 1519, la Zunft
zum Rimmel se l’était adjoint5. Entouré du monde nouveau, le pein-
tre allait prendre aux réformateurs des qualités neuves, la vigueur
et l’indépendance des inspirations; il ne songeait plus à la peinture
d’église, morte sous les coups de l’esprit historique6.

Le Christ d’Altdorf, si l’on pouvait le donner, par une preuve
plus certaine, à Hans Holbein, serait un ouvrage de cette prime
période, toute de jeunesse et de foi, lorsque Holbein, encore lié par
les vieilles formules, laisse flotter sur son génie, déjà très précis dans
la forme, des influences un peu naïves. 11 est, dès la suite, envahi
par la seule réalité, mais on peut, sinon regretter, du moins rappeler
avec une sympathie particulière le temps où les yeux de Holbein
consentaient encore à s’ouvrir sur des figures idéales.

Nous pouvons suivre Holbein plus près de Lltalic. Et c’est jeune,
presque inconnu, qu’il passe là. Son voyage en dut être plus fruc-
tueux. Il connut ces joies d’apprenti qui admire avec une âme neuve

1. Woltmann, I, p. 232 et suiv.

2. Goltzinger, Zwei Kalender vom Jahre io27. Schaffhausen, d86b; — Archiv.
für Schweizerische Reformations Geschichte, I, 115; — Woltmann, I, 239; — Lie-
benau, HansH. u. die Fresken, 148-149.

3. Cf. Jahrbuch der kœn. preussischen Kunstsdmmlungen, 1897, IVe fasc.

4. Ochs, v, 416.

5. Ilis-Heusler, Holbein’s Verhæltniss zur Basler Reformation (Repertorium für
Kunstwissenschaft, II, 156).

6. Müntz, loc. cit., 1879, p. 379-388.
 
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