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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

DOI issue:
Nr. 3
DOI article:
Babelon, Ernest: Les camées antiques de la Bibliothèque Nationale, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0239
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

bague, avait primitivement la forme scarabéoïde, et que le sujet que
nous venons d’indiquer a été, comme le sphinx de tout à l’heure,
gravé en relief sur la base du scarabée. La même conclusion nous est
imposée par l’examen attentif du n° IG (fîg. 5), qui représente une
tête de femme, Héra ou Hébé, de profil, les cheveux relevés sur la
nuque; cette tête blanche sur fond brun a été gravée sur la base d'un
scarabéoïde dont le dos a été scié à l’époque moderne. Mais où cette
transformation du scarabée apparaît surtout éclatante, c’est dans le
merveilleux camée que nous avons sous les yeux (fig. 6) et qui repré-
sente la guérison des Prœtides par le devin Mélampos.

Le personnage qui domine la scène est Mélampos, barbu, les
traits graves et tranquilles, la tète ceinte d’une couronne de laurier.
Vêtu d’une tunique sans manches, il tient le rameau lustral servant

Fig. 4 Fig. 6

aux purifications et la victime expiatoire, un jeune porc dont il fait
dégoutter le sang sur la tête des malades. Les trois filles du roi
Prœtos, Lysippé, Iphinoé et Iphianassa, sont assises devant lui. Celle
qui reçoit sur sa tête le sang du porc est calme et résignée, la tête
légèrement inclinée, les bras retombant, comme si elle attendait
l’effet salutaire de ce baptême singulier. La seconde des Prœtides
paraît en proie à une agitation fébrile; elle se dresse, le buste cam-
bré, faisant des gestes de rage impuissante. De la troisième, on
n’aperçoit que le buste nu : renversée, la tête penchée en avant,
les bras inertes retombant presque jusque sur le sol, elle succombe
et meurt de l’opération théurgique qui vient de lui être in fligée.
Deux autres personnages assistent à la scène. A droite, c'est l'acolyte,
un jeune éphèbe, qui porte l’eau lustrale. À gauche, c’est une jeune
fille, la nymphe de la source dont les eaux, ayant des vertus cura-
tives, servent aux lustrations de Mélampos.

Ce charmant camée faisait primitivement partie d’une collec-
tion de pierres gravées envoyées de Portugal, en 1852 ou 1853, à
l’habile joaillier parisien Froment-Meurice. 11 entra ensuite dans la
collection Louis Fould. Leduc de Luynes l’acheta à la vente de cette
 
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