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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 3
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Lafond, Paul: Adolphe-Félix Cals: petits maîtres oubliés
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0276
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

tions d’école et des habiletés de métier. Ce poète naïf et simple, qui a
toujours volontairement subordonné l’exécution d’un morceau à
l’expression de l’ensemble et à la pénétrante émotion do l’œuvre,
n’avait que faire des roueries de la brosse et des jongleries du couteau
à palette.

S’il est un artiste contemporain qui offre de frappantes analogies
avec Cals, c’est bien le peintre hollandais Josef Israels. Chez tous deux,
même amour des humbles gens et des humbles choses ; même com-
préhension de la vie triste et pénible des pauvres paysans et des
rudes pêcheurs attendris par les joies et les devoirs de la famille ;
même sympathie émue pour les paisibles et résignés vieillards repliés
sur eux-mêmes, même tendresse caressante et enveloppante pour les
enfants. La peinture de Josef Israels est plus monochrome et plus fine
de valeur, quoique plus heurtée; celle de Cals, en compensation, est
plus variée et plus chaude.

Dans les tableaux de genre, l’action, pour Cals, est toujours secon-
daire et sans importance. Ses motifs, empruntés le plus ordinaire-
ment — on peut presque dire sans exception — à la vie journalière
des humbles, sont dénués de toute violence de mouvement ou d’ex-
pression ; ses personnages, comme ceux des Lcnain, toujours graves,
mélancoliques ou résignés. Un sujet sur lequel le peintre est revenu
à maintes reprises, c’est l'amour tranquille, serein et presque reli-
gieux du père et de la mère pour l’enfant chez le paysan et le marin,
amour qu’il a rendu avec une émotion des plus touchantes. Dans ces
scènes d’intérieur, il a exprimé avec une remarquable et rare jus-
tesse les jeux de la lumière factice, ses dégradations, ses teintes
spéciales et ses colorations propres. Ses effets de lampe, sans au-
cuns heurts, duretés ni sécheresses, méritent une attention toute
particulière.

Le sentiment exquis et délicat qui était le fond de sa nature,
Cals le montre jusque dans cette multitude de petites études de
paysage, d’intérieur et de nature morte, de dimensions minuscules,
grandes tout au plus comme la paume de la main, qu’il a laissées et
semées un peu de tous côtés et qu’il faisait pour ainsi dire en se
jouant, pour se délasser de travaux plus importants.

Avec son profond sentiment des masses, de l’enveloppe et de
l’harmonie, son amour de la vérité, son horreur du convenu et du
banal, il n’est pas étonnant que Cals ait été un remarquable peintre
de portraits. 11 en a laissé un certain nombre, tous fort beaux, fidèles
et consciencieux, ne tombant jamais dans le détail minutieux. Est-il
 
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