GIOVANNI S E G A N TINI
309
Les Enfants de l’amour, ces énigmatiques Mères dénaturées furent
suivies d’une série d’œuvres plus franchement intelligibles, telles
que La Foi console dans la douleur et que L’Amour aux sources de
la vie. Ce n’est pas le lieu de discuter ni même d’analyser ici l’en-
chaînement philosophique d’idées qui engendra les unes des autres
ces œuvres uniques dans la production contemporaine, où Segantini
a encadré tous les tourments de sa pensée d’homme solitaire dans
les sites les plus inaccessibles de l’Europe centrale. Il faut seulement
LA BÉNÉDICTION DES TROUPEAUX
Dessin de M. Segantini.
noter et bien retenir que le peintre, d’un métier, d’une technique et
d’une poésie certainement admirables, n’est pas éloigné d’être aussi
l’un des grands penseurs de notre temps. Je sais qu’en France on
est un peu tenté, malgré des cas illustres, de sourire de la préten-
tion de l’artiste à la pensée ; l’exemple d’un Chenavard est là pour
crier casse-cou aux téméraires. En Italie, en Allemagne et en Angle-
terre, on trouve cela tout naturel ; depuis Léonard et Dürer jusqu’à
Segantini et Bœcklin, les préoccupations spéculatives n’ont jamais
fait défaut à la peinture d’outre-Rhin et d’outre-monts, et cette tradi-
tion vient de pousser on sait quels nombreux rejetons outre-Manche.
Je ne vois pas pourquoi il n’en serait pas de même, malgré les rieurs,
dans le pays de Poussin, de Puvis de Chavannes, de Gustave Moreau,
de Rops et même du Besnard de l’Amphithéâtre de chimie.
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Les Enfants de l’amour, ces énigmatiques Mères dénaturées furent
suivies d’une série d’œuvres plus franchement intelligibles, telles
que La Foi console dans la douleur et que L’Amour aux sources de
la vie. Ce n’est pas le lieu de discuter ni même d’analyser ici l’en-
chaînement philosophique d’idées qui engendra les unes des autres
ces œuvres uniques dans la production contemporaine, où Segantini
a encadré tous les tourments de sa pensée d’homme solitaire dans
les sites les plus inaccessibles de l’Europe centrale. Il faut seulement
LA BÉNÉDICTION DES TROUPEAUX
Dessin de M. Segantini.
noter et bien retenir que le peintre, d’un métier, d’une technique et
d’une poésie certainement admirables, n’est pas éloigné d’être aussi
l’un des grands penseurs de notre temps. Je sais qu’en France on
est un peu tenté, malgré des cas illustres, de sourire de la préten-
tion de l’artiste à la pensée ; l’exemple d’un Chenavard est là pour
crier casse-cou aux téméraires. En Italie, en Allemagne et en Angle-
terre, on trouve cela tout naturel ; depuis Léonard et Dürer jusqu’à
Segantini et Bœcklin, les préoccupations spéculatives n’ont jamais
fait défaut à la peinture d’outre-Rhin et d’outre-monts, et cette tradi-
tion vient de pousser on sait quels nombreux rejetons outre-Manche.
Je ne vois pas pourquoi il n’en serait pas de même, malgré les rieurs,
dans le pays de Poussin, de Puvis de Chavannes, de Gustave Moreau,
de Rops et même du Besnard de l’Amphithéâtre de chimie.