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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 5
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Di Giacomo, Salvatore: Bonne sforza à Naples, 2: étude sur les moeurs somptuaires italiennes au commencement du XVIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0425
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

espagnol, Casanova, sur la recommandation du négociateur barrois
dom Ludovic. Ce négociateur recevait, à tout moment, de sa puis-
sante maîtresse;, des ordres relatifs à des objets précieux. C’était un
homme de sens et de goût. Il se dirigea vers celui qui fut le plus
grand artiste de la bijouterie, vers l'homme qui mettait sur une
médaille les mêmes qualités que Donatello dans une statue, vers
le Caradosso, établi à Rome, aux gages du Saint-Père_, dès 1515.

« Pour ce qui regarde les perles », écrit dom Ludovic à Isabelle
d’Aragon, « j’espère les obtenir. Le Pape en a reçu une grande quan-
tité, et Caradosso s’occupe d’en acquérir cinq onces pour votre Séré-
nité. Hier même, je lui ai redit votre commission1. »

Les perles, les rubis et les émeraudes étaient, au xvie siècle,
recherchés avec une passion sans égale par les princesses. Les perles
se négociaient à Gênes : on voulait surtout celles en forme « de
poire »„ telles que nous les voyons dessinées dans les portraits de
Bonne de Savoie, d’Isabelle d’Aragon et dans le magnifique portrait
d’Isabelle Stuart, reine de Bohême, peint par Mierevelt et conservé
à Chantilly, dans le Musée de Condé 2.

Bonne Sforza possédait un splendide collier de calasci, c’est-
à-dire de rubis calais, montés sur des fleurons triangulaires et
reliés par d’autres rubis plus petits, nommés alors cugoli (coins).
En considérant son portrait dans la Chronica Polonorum, on retrouve
une des fameuses coiffes décrites par Passaro, celle à torsade d’or
avec des coquilles disséminées sur l’étoffe.

VII

Voici donc notre aimable princesse épousée en toute règle et
prête à partir pour son nouveau royaume. Au Château Capouan, on
hâte les préparatifs du voyage, on emballe le trousseau, et la reine
de Pologne fait ses adieux à ses amies et jette un dernier regard sur
le palais où vécurent ses ancêtres et où elle pense ne jamais revenir.

Le 20 décembre, le jour de Saint-Etienne, un samedi, elle quitte
Naples en prenant le chemin de Manfredonia, port d’embarquement
pour la traversée de l’Adriatique. Elle est accompagnée par le vice-
roi don Baymond de Cardona, par le marquis de Pescara, don

1. Spic. Vat. (ouvr. cité), vol. 1, fasc. II, p. 299.

2. Voyez Gruyer, La Peinture à Chantilly, Écoles étrangères, 1 vol. Paris, Plon
et Nourrit, 1896, p. 236.
 
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