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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

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Nr. 2
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Momméja, Jules: La jeunesse d'Ingres, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24684#0114
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

lière pour le moyen âge, archéologue s’il n’eût été peintre, natu-
rellement austère, et toujours hanté néanmoins par les voluptueuses
visions particulières aux terres fécondes et aux climats de feu?

III

L’art, on le comprend assez, ne tenait pas alors une bien grande
place dans la vie des Montalbanais ; et pourtant, il y avait parmi eux
des amateurs véritables: Le Franc de Pompignan, qui avait orné de
tableaux peints par Boucher la chapelle du château dont il portait le
nom; un gros propriétaire, Mila de Cabarieu, qui avait fait décorer
un salon de ville par Ingres père et un salon de campagne par Hubert
Robert; le fermier général Bergeret, l’ami bien connu de Fragonard
et de tous les artistes de son temps; enfin, l’évêque même de Mon-
tauban, Anne-François-Victor Le Tonnelier de Breteuil, collection-
neur de grand goût, possesseur d’excellentes toiles de Vanloo, de
Restout, de Boucher, de Fragonard. Ce prélat grand seigneur s’était
constitué dès l’abord le protecteur de Joseph Ingres, et cette faveur
avait suffi pour assurer à l’artiste, avec la sympathie de l’aristocratie
montalbanaise, assez de travaux pour le mettre bien au-dessus du
besoin et le faire admettre dans les rangs de la haute bourgeoisie où
ne semblaient pas l’attirer le titre modeste de sculpteur dont il se
parait, ni la profession de plâtrier ornemaniste qu’il exerçait en
réalité au début. Son fils ne connut la pauvreté que dans son âge
mûr; il eut une jeunesse heureuse et d’ailleurs tout entière absorbée
par les diverses études artistiques dans lesquelles son père le diri-
geait. On a trop souvent raconté pour que nous y revenions encore
ses précoces succès de violoniste dans le salon de l’évêché ; mais on n’a
pas dit que, chez lui, le crayon devança même le violon. Il existe au
musée de Montaubanun portrait à la sanguine de Jean Moulet, maître
perruquier de la Cour des Aides — une bonne tête d’honnête bour-
geois qu’on croirait prise d’une estampe de Chodowiecki, — au-dessus
duquel est écrit : Fait par Ingres fils, âgé de II ans, le 15 octobre
17V1. C’est une copie dont l’original, dessiné par Joseph Ingres, le
gendre du modèle, se trouve dans le salon à coté ; et si la main
paraît plus experte, le métier plus savant dans le prototype, il est
impossible de ne pas lui préférer la copie, qui a plus de vigueur et
qu’on sent avoir été plus ressemblante.

Près du portrait du grand-père sont placés ceux du père, de la
mère et des deux sœurs du jeune artiste, exécutés séparément mais
 
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