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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

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Nr. 2
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Dilke, Emilia Francis Strong: La boudoir de la Marquise de Serilly au Musée de South Kensington, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24684#0139
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LE BOUDOIR DE LA MARQUISE DE SERILLY

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qu’elle soit modelée ou sculptée — par exemple, les entrelacs em-
ployés sur les filets et baguettes qui séparent le plafond
des murailles et la cimaise des panneaux qu’elle sup-
porte, — tout cela rappelle, en plus d’un point, l’exé-
cution d’une certaine partie du boudoir de Fontaine-
bleau.

J’ignore sur quelle autorité on s’est appuyé pour
rattacher le nom do Pierre Rousseau à cette dernière
œuvre1. La charge d’inspecteur des dehors du Château
ne semble pas avoir nécessairement impliqué la direc-
tion des remaniements intérieurs ; mais, si l’on suppose
que Pierre Rousseau fut responsable de ceux-ci, on
admettra qu’il y a un lien entre ces travaux et le style
delà décoration exécutée par lui à Versailles. Qu’il fût
compétent au plus haut degré pour diriger ces ouvrages,
c’est ce dont on ne saurait douter, car les détails de déco-
ration du gracieux hôtel qu’il bâtit en J 780 pour le
prince de Salm (aujourd’hui Palais de la Légion d’hon-
neur) prouvent encore la pureté et le raffinement de
son goût. 11 était alors d’usage courant que les artistes
auxquels on confiait la décoration intérieure d’un édifice
reçussent de l’architecte les données générales et l'indi-
cation du style et du caractère qu’ils devaient imprimer
à leur œuvre. Ces plans préparatoires laissaient, rappe-
lons-le, une ample marge à l’interprétation des artistes
expérimentés pour qui ils étaient dressés et, à une
époque antérieure, la môme latitude avait été auto-
risée par les auteurs des cartons que les ouvriers des
Gobelins transformaient en peintures tissées avec une
habileté et un instinct remarquables. Les bonnes vieilles
traditions, qui donnaient leur liberté de main aux tisse-
rands de la Manufacture, furent impitoyablement anéan-
ties par le système qu’inaugura Oudry; mais la grâce
et la variété infinies par où se distinguent toutes les
décorations intérieures de ce siècle qui ont échappé à la
destruction témoignent de l’indépendance conservée par
les artistes décorateurs. Nulle part cette indépendance
ne s’affirme d’une plus éclatante façon que dans l’appli-

i. R. Pfnor, L’Architecture, la décoration et F ameublement de l’époque de Louis
XVI, p. 3.
 
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