LES SALONS DE 1898
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à la suite de M. Bodin, sous l’empire d’influences diverses, M. Bar-
tholomé, qui n'expose pas cette année non pins que M. Desbois ;
M. Constantin Meunier, si simple, si grand et si sculptural dans
son Semeur ; M. Baffier, moins austère, plus reposé, avec plus de
bonhomie et quelque franche allure campagnarde (cheminée, salle
à manger et vaiselle d’étain) ; M. Bourdelle; M. Alexandre Charpen-
tier, etc., et même M. Vital-Cornu {Douces langueurs), qui, dans un
marbre plein de délicatesse, abuse bien inutilement, lui aussi, du
contraste artificiel des chairs modelées prises dans une gangue de
marbre brut.
A côté du culte des grands hommes, le culte des morts s’est par-
ticulièrement développé de notre temps. Ces deux idées ont remplacé,
comme inspiratrices de la statuaire, la foi religieuse, qui trouve
mieux à satisfaire les besoins superstitieux de la foule dans les bou-
tiques de la rueSaint-Sulpice. La série des belles sculptures funéraires
de Chapu, Paul Dubois, Mercié, Bartholomé, etc., a contribué à
donner un nouvel essor à ce genre; dans lequel se distinguent parti-
culièrement, cette année, MM. Gréber, Soulès, F. Charpentier,
Peynot et Pratt. C’est une forme dans laquelle nos artistes, sans se
renouveler beaucoup sans doute, savent garder pourtant le plus de
tenue. Le monument de M. Gréber, entre autres, où la figure virgi-
nale d’une jeune fille dort paisiblement dans la palpitation calme
d’un long et doux sommeil, est conçu avec un sentiment ému,
tendre et consolant. C’est le mensonge de l’art qui veut tromper la
douleur.
En fait de sculpture monumentale, nous trouvons peu de chose.
Tout au plus la vaste composition, d’un archaïsme assez académique,
de M. Mac-Monnies, qui n’est pas sans un certain style, surtout dans
les groupes latéraux de chevaux qui se cabrent hardiment. A la So-
ciété nationale, à côté de M. Injalbert, ingénieux et vivant dans son
petit groupe de Satyre et Bacchante et dans sa fontaine en grès,
M. Dampt renouvelle, avec sa conscience d’artiste et son esprit ob-
servateur, un vieux thème, Le Temps emporte F Amour, volontaire-
ment conservé, en vue du milieu auquel il est destiné, dans le carac-
tère décoratif du xvn° siècle.
Ce n’est certes point du côté de Versailles, vers les Cabinets du
Parterre d’eau, que s’est tourné M. Gardet, pour chercher le sujet
de ses beaux groupes de lions et de tigres qui lui ont valu la mé-
daille d’honneur. On ne pouvait pas, tout en se pliant aux nécessités
décoratives, se rapprocher plus près de la vie. Le rare mérite de cet
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à la suite de M. Bodin, sous l’empire d’influences diverses, M. Bar-
tholomé, qui n'expose pas cette année non pins que M. Desbois ;
M. Constantin Meunier, si simple, si grand et si sculptural dans
son Semeur ; M. Baffier, moins austère, plus reposé, avec plus de
bonhomie et quelque franche allure campagnarde (cheminée, salle
à manger et vaiselle d’étain) ; M. Bourdelle; M. Alexandre Charpen-
tier, etc., et même M. Vital-Cornu {Douces langueurs), qui, dans un
marbre plein de délicatesse, abuse bien inutilement, lui aussi, du
contraste artificiel des chairs modelées prises dans une gangue de
marbre brut.
A côté du culte des grands hommes, le culte des morts s’est par-
ticulièrement développé de notre temps. Ces deux idées ont remplacé,
comme inspiratrices de la statuaire, la foi religieuse, qui trouve
mieux à satisfaire les besoins superstitieux de la foule dans les bou-
tiques de la rueSaint-Sulpice. La série des belles sculptures funéraires
de Chapu, Paul Dubois, Mercié, Bartholomé, etc., a contribué à
donner un nouvel essor à ce genre; dans lequel se distinguent parti-
culièrement, cette année, MM. Gréber, Soulès, F. Charpentier,
Peynot et Pratt. C’est une forme dans laquelle nos artistes, sans se
renouveler beaucoup sans doute, savent garder pourtant le plus de
tenue. Le monument de M. Gréber, entre autres, où la figure virgi-
nale d’une jeune fille dort paisiblement dans la palpitation calme
d’un long et doux sommeil, est conçu avec un sentiment ému,
tendre et consolant. C’est le mensonge de l’art qui veut tromper la
douleur.
En fait de sculpture monumentale, nous trouvons peu de chose.
Tout au plus la vaste composition, d’un archaïsme assez académique,
de M. Mac-Monnies, qui n’est pas sans un certain style, surtout dans
les groupes latéraux de chevaux qui se cabrent hardiment. A la So-
ciété nationale, à côté de M. Injalbert, ingénieux et vivant dans son
petit groupe de Satyre et Bacchante et dans sa fontaine en grès,
M. Dampt renouvelle, avec sa conscience d’artiste et son esprit ob-
servateur, un vieux thème, Le Temps emporte F Amour, volontaire-
ment conservé, en vue du milieu auquel il est destiné, dans le carac-
tère décoratif du xvn° siècle.
Ce n’est certes point du côté de Versailles, vers les Cabinets du
Parterre d’eau, que s’est tourné M. Gardet, pour chercher le sujet
de ses beaux groupes de lions et de tigres qui lui ont valu la mé-
daille d’honneur. On ne pouvait pas, tout en se pliant aux nécessités
décoratives, se rapprocher plus près de la vie. Le rare mérite de cet