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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 20.1898

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Tourneux, Maurice: Jean-Baptiste et Jean-François Colson: petits maîtres oubliés
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https://doi.org/10.11588/diglit.24684#0374

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338

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

pour le dessin que pour le rudiment, au grand mécontentement de
son père, et quand il eut atteint vingt-quatre ans, il entra dans l’ate-
lier du peintre Joseph Christophe, à Paris. Pour couper court aux
railleries que valait au nouveau venu son nom de Gilles, Christophe
lui conseilla de prendre celui de sa mère, d’origine irlandaise, et l’acte
de son mariage avec Marthe Duchange, fille du graveur Gaspard Du-
change (29 juin 1720), atteste qu’il suivit les conseils de son maître.

11 avait assez rapidement acquis la science nécessaire à un pein-
tre de portrait, mais selon le goût, le rang et la profession du mo-
dèle, il employait divers accessoires qu’avaient exécutes pour lui ses
camarades d’atelier, Carie Vanloo, Parrocel, Grimoult ou Nicolas
Coypel. 11 peignait également des sujets libres en miniature pour
tabatières, et plus d’une de ces petites compositions à l’encre de Chine
et rehaussées de carmin fut vendue par Klingstedt sous son propre
nom. J.-B. Colson n’est pas le seul dont Klingstedt ait exploité ainsi
la pénurie, tout en payant fort chichement, paraît-il, ces petits objets
dont il s’était fait une spécialité moins honorable que fructueuse.

J.-B. Colson trouva un meilleur emploi do son temps et de son
talent, lorsque le duc de Tresmes lui fit peindre pour les cours
étrangères un certain nombre de portraits de Louis XV ; encore de
longs intervalles s’écoulaient-ils parfois entre la livraison de la
plaque d’ivoire et son paiement. Un autre de ces portraits, destiné
à être monté en bague, pour être offert à la reine, et dont le cardinal
de Fleury discuta mesquinement le prix, suggéra au peintre une
comparaison peu flatteuse entre la lôsinerie du vieux premier
ministre et la générosité traditionnelle de Colbert. Ce propos fut
cause de sa disgrâce. Colson ne se découragea pas. Il quitta Paris,
abandonnant la miniature, trop peu rémunératrice, car « sa manière
était longue et extrêmement finie », et demanda au pastel les pro-
fits et la clientèle qu’un artiste avait alors chance d'en tirer. D’après
la liste qu’il avait tenue à jour pendant vingt-quatre ans, et qui serait
aujourd’hui un document inestimable, il aurait été l’auteur de qua-
tre mille portraits au pastel ! « Il mettait, dit son fils, une si grande
célérité dans son travail, qu’il n’employa jamais plus de deux heu-
res pour la tête, et pendant cet intervalle de temps, il se reposait
ordinairement trois fois, en fumant une pipe à chaque pause pour se
distraire ; il était dans l’usage de compter sa première, seconde et
troisième et dernière séance d’après le nombre de pipes qu’il avait
fumées1... »

\. Dictionnaire des artistes, par l’abbé de Fontenay. 1777, 2 vol. in-8°.
 
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