JEAN-PAUL LAURENS
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et les sentiments de l'homme, que rien ne paralyse, continuent à
se manifester; et c’est pourquoi M. Laurens, cherchant une anti-
thèse qui répondît à son inspiration, a placé, côte à côte avec le
sépulcre, la jeunesse, la confiance et l’amour. 11 a trouvé piquant
de faire asseoir sur les dalles qui recouvrent des tombeaux une
jeune fille ayant debout, auprès d’elle, celui à qui elle a donné
sa foi. C’est vraiment une idylle dans
un cadre tragique, mêlant la fleur d’es-
pérance, que rien ne peut flétrir, à la
pensée des morts que rien ne peut
faire revivre. »
Jean-Paul Laurens n’est pas
près de considérer son labeur comme
terminé. Au contraire, jamais
l’artiste n’a été plus fort, plus
vaillant, plus maître de cet
art difficile que la volonté
— suprême levier -— lui a
permis de maîtriser et de
vaincre. A l’heure où j’écris,
on exécute de lui, à la ma-
nufacture des Gobelins, une
suite de six tapisseries sur des
cartons où il a tracé, d’un crayon
fier, les principaux épisodes de la
vie de Jeanne d’Arc.
Le premier nous montre un
coin du verger de la demeure
familiale. A droite, la maison
rustique, qu’accote un banc de
pierre sur lequel la mère de Jeanne est assise. Au second plan, le
père de l’héroïne, et, près de lui, Jeanne en extase, les yeux perdus
dans les espaces du rêve, mais la tête penchée et paraissant écouter
la voix céleste d’un chevalier bardé de fer, tenant de la main gauche
une lourde épée et semblant indiquer de la droite la route vers la-
quelle la pensée héroïque de la pastoure doit la guider.
Au deuxième, Jeanne est en route, traversant à cheval une forêt
et suivie d’un écuyer.
— 3e PÉ RIODE.
LA MURAILLE ^(FRAGMENT)
PAR M. J.-P. LAURENS
XXI.
20
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et les sentiments de l'homme, que rien ne paralyse, continuent à
se manifester; et c’est pourquoi M. Laurens, cherchant une anti-
thèse qui répondît à son inspiration, a placé, côte à côte avec le
sépulcre, la jeunesse, la confiance et l’amour. 11 a trouvé piquant
de faire asseoir sur les dalles qui recouvrent des tombeaux une
jeune fille ayant debout, auprès d’elle, celui à qui elle a donné
sa foi. C’est vraiment une idylle dans
un cadre tragique, mêlant la fleur d’es-
pérance, que rien ne peut flétrir, à la
pensée des morts que rien ne peut
faire revivre. »
Jean-Paul Laurens n’est pas
près de considérer son labeur comme
terminé. Au contraire, jamais
l’artiste n’a été plus fort, plus
vaillant, plus maître de cet
art difficile que la volonté
— suprême levier -— lui a
permis de maîtriser et de
vaincre. A l’heure où j’écris,
on exécute de lui, à la ma-
nufacture des Gobelins, une
suite de six tapisseries sur des
cartons où il a tracé, d’un crayon
fier, les principaux épisodes de la
vie de Jeanne d’Arc.
Le premier nous montre un
coin du verger de la demeure
familiale. A droite, la maison
rustique, qu’accote un banc de
pierre sur lequel la mère de Jeanne est assise. Au second plan, le
père de l’héroïne, et, près de lui, Jeanne en extase, les yeux perdus
dans les espaces du rêve, mais la tête penchée et paraissant écouter
la voix céleste d’un chevalier bardé de fer, tenant de la main gauche
une lourde épée et semblant indiquer de la droite la route vers la-
quelle la pensée héroïque de la pastoure doit la guider.
Au deuxième, Jeanne est en route, traversant à cheval une forêt
et suivie d’un écuyer.
— 3e PÉ RIODE.
LA MURAILLE ^(FRAGMENT)
PAR M. J.-P. LAURENS
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