GAZETTE DES BEAUX-ARTS
loi
Au troisième, « Jeanne entre dans la ville, à la lueur des torches
à cheval, revêtue de son armure, entourée de capitaines et de sei-
gneurs ».
Au quatrième carton, l'heure de l'action sanglante a sonné, et
Jeanne s’écrie : « Ah ! mon Dieu 1 il faut combattre; ils seraient (les
Anglais) pendus aux nues, nous les aurons 1 »
Le sacre de Charles VII dans la cathédrale de Reims forme le
cinquième carton, que commente cette épigraphe : « Et maintenant
est exécuté le plaiz de Dieu. »
Le sixième tableau couronne dignement la belle entreprise de
Jean-Paul Laurens. Jeanne a été vaincue, lâchement abandonnée
par le roi, livrée sans défense à des juges qui furent des tortionnaires.
Elle gravit pas à pas les degrés qui la mènent au supplice, sur la
place du Vieux-Marché, à Rouen. Elle va au bûcher sans crainte,
sans faiblesse, l’âme déjà dans Eau delà, quittant cette terre où la
matière seule est périssable, mais d’où la flamme qui l’animait
s’élance comme épurée à travers les espaces, à travers les siècles.
fl y a dans ces cartons, qui compteront dans l’œuvre multiple et
divers de Jean-Paul Laurens, une grande originalité, qui le rapproche
des Primitifs sans qu'on puisse pourtant l'accuser de réminiscences.
Dans un genre auquel les ressources et même les procédés de la
peinture actuelle se prêtent difficilement, il a donné à ces composi-
tions le côté naïf, mais si sincère et si intéressant, des enlumineurs
d’autrefois. La précision du dessin, l’archaïsme des scènes que son
imagination s’est plu à faire revivre, l’espèce de foi profonde qui les
imprègne, le font, à dimension gardée, presque un imitateur de
ce Jehan Fouquet dont le duc d’Aumale a recueilli au château de
Chantilly les quarante miniatures ornant les Heures faites pour
maître Estienne Chevalier, trésorier général de France.
A l’île des Cygnes, autrement dit au dépôt des marbres, tout
là-bas, proche le Champ-de-Mars, perdus dans la verdure, s’élèvent
des ateliers d’où de belles œuvres sont sorties. La gauche du dépôt
appartient aux sculpteurs ; dans un des ateliers, Rodin pétrit fou-
gueusement la glaise ou manie furieusement le ciseau sur des mar-
bres frémissants, cependant qu’il poursuit, depuis dix années, sa
Porte de l’Enfer, destinée au Palais des Arts décoratifs et qui doit,
dit-on, rivaliser avec celle du Baptistère de Florence.
La droite du dépôt appartient aux peintres, et c'est dans l’atelier
loi
Au troisième, « Jeanne entre dans la ville, à la lueur des torches
à cheval, revêtue de son armure, entourée de capitaines et de sei-
gneurs ».
Au quatrième carton, l'heure de l'action sanglante a sonné, et
Jeanne s’écrie : « Ah ! mon Dieu 1 il faut combattre; ils seraient (les
Anglais) pendus aux nues, nous les aurons 1 »
Le sacre de Charles VII dans la cathédrale de Reims forme le
cinquième carton, que commente cette épigraphe : « Et maintenant
est exécuté le plaiz de Dieu. »
Le sixième tableau couronne dignement la belle entreprise de
Jean-Paul Laurens. Jeanne a été vaincue, lâchement abandonnée
par le roi, livrée sans défense à des juges qui furent des tortionnaires.
Elle gravit pas à pas les degrés qui la mènent au supplice, sur la
place du Vieux-Marché, à Rouen. Elle va au bûcher sans crainte,
sans faiblesse, l’âme déjà dans Eau delà, quittant cette terre où la
matière seule est périssable, mais d’où la flamme qui l’animait
s’élance comme épurée à travers les espaces, à travers les siècles.
fl y a dans ces cartons, qui compteront dans l’œuvre multiple et
divers de Jean-Paul Laurens, une grande originalité, qui le rapproche
des Primitifs sans qu'on puisse pourtant l'accuser de réminiscences.
Dans un genre auquel les ressources et même les procédés de la
peinture actuelle se prêtent difficilement, il a donné à ces composi-
tions le côté naïf, mais si sincère et si intéressant, des enlumineurs
d’autrefois. La précision du dessin, l’archaïsme des scènes que son
imagination s’est plu à faire revivre, l’espèce de foi profonde qui les
imprègne, le font, à dimension gardée, presque un imitateur de
ce Jehan Fouquet dont le duc d’Aumale a recueilli au château de
Chantilly les quarante miniatures ornant les Heures faites pour
maître Estienne Chevalier, trésorier général de France.
A l’île des Cygnes, autrement dit au dépôt des marbres, tout
là-bas, proche le Champ-de-Mars, perdus dans la verdure, s’élèvent
des ateliers d’où de belles œuvres sont sorties. La gauche du dépôt
appartient aux sculpteurs ; dans un des ateliers, Rodin pétrit fou-
gueusement la glaise ou manie furieusement le ciseau sur des mar-
bres frémissants, cependant qu’il poursuit, depuis dix années, sa
Porte de l’Enfer, destinée au Palais des Arts décoratifs et qui doit,
dit-on, rivaliser avec celle du Baptistère de Florence.
La droite du dépôt appartient aux peintres, et c'est dans l’atelier