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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Müntz, Eugène: À travers la Souabe, [3]: Stuttgart - Ulm - Blaubeuren - Sigmaringen; notes d'art et d'archéologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0071
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dance de sainte Anne et de Salomé, à savoir : Marie Salomé, son
mari Zébédée, puis leurs enfants, les futurs apôtres saint Jacques
majeur et saint Jean ; sur le volet de droite, La Descendance de sainte
Anne et de son troisième mari Cléophas, à savoir : Marie Cléophas,
avec son mari Alphée, puis leurs enfants, les futurs apôtres
saint Jacques mineur, saint Thadée et saint Simon, enfin, Joseph
le Juste. Les volets extérieurs représentent saint Jean-Baptiste et
l’évêque saint Erhard, sainte Barbe et saint Diébold ; sur le revers,
ont pris place Le Jugement dernier (fort ruiné et peu intéressant) et
La Véronique.

Quoiqu’il y ait dans ces tableaux — peints en 1521 — un rare
et exquis mélange de style et de familiarité, l'artiste incline volon-
tiers vers le réalisme. Bien de plus naïf et de plus charmant que ses
enfants, l’un qui chevauche un bâton, l’autre qui montre une
tablette portant un alphabet, d’autres encore qui tiennent un pinson
ou étendent la main vers une poire. L’on remarquera aussi l’ampleur
et la liberté des figures, dont plusieurs sont des portraits, de tout
point excellents. Avec Zébédée et Alphée, nous avons affaire à des
patriciens d’Ulm, à la mine grave, renfrognée plus encore qu’infa-
tuée, portant de riches fourrures. Quant à leurs épouses, ce sont de
braves ménagères bien rassises et terriblement prosaïques, en cos-
tume du temps, nullement idéalisées. Sainte Barbe porte une robe
rouge à garniture noire, un de ces vêtements bourgeois dont la fac-
ture étoilée n’eût pas été désavouée par Tobias Stimmer, le vaillant
peintre bâlois. Les enfants méritent une mention distincte : vus de
près, ils manquent d’éloquence (nez en pied de marmite, orteils
recroquevillés), mais, pris en masse, leurs corps potelés ont la robus-
tesse de ceux de Michel-Ange (celui qui tient un pinson procède
d'un modèle de Raphaël).

Schaffner a évidemment visité l’Italie (les motifs d’architecture,
les piliers surtout, ainsi que les colonnes de porphyre, le montrent
complètement familiarisé avec les règles de la Benaissance), mais,
par bonheur, il s’en est assimilé les enseignements, au lieu de s’en
tenir à des copies serviles. Quoique riche et nourri, le coloris est
chez lui d’une clarté et d’une distinction rares. Le maître excelle
dans les tons gris, tout en laissant aux carnations la clarté et la
fraîcheur.

La Sainte Cène mérite que nous la regardions de près. Nous y
voyons le Christ et les Apôtres à mi-corps ; au fond se profile une
vue d’Ulm. L’influence de Léonard de Vinci est indéniable ; nous en
 
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