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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 2
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Duret, Théodore: La gravure japonaise: à propos des récentes acquisitions du Cabinet des Estampes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0152
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

au Japon, est resté jusqu’à ces derniers temps fort difficile à établir,
faute de pièces datées et de témoignages contemporains. On s’était
laissé aller à reporter cette introduction tout à fait au commen-
cement du XYine siècle. Dans les collections et aux expositions où
figuraient les plus vieilles gravures en couleurs, on avait pris
l’habitude de les attribuer aux toutes premières années de ce siècle.
Mais M. Fenollosa, du musée de Boston, s’attachant, pendant un
séjour prolongé au Japon, à élucider la question après tous les
autres, est arrivé, en 1896, à pouvoir préciser. Il a reporté fort avant
dans la première moitié du xvmc siècle l’apparition de la gravure
imprimée en couleurs. 11 lui a donné la date de 1742, qui est plus
récente que tout ce qu’on avait supposé jusqu'alors, mais à laquelle
je me range pour ma part et que je considère comme devant être
exacte.

Les premières estampes en couleurs, consacrées presque exclu-
sivement aux figures d’acteurs, étaient imprimées en deux tons, vert
et rose, auxquels s’ajoute, peu après, un troisième ton, vert pâle ou
jaune. A ses débuts, la gravure en couleurs est restée attachée à
l’estampe ou aux suites d'estampes reliées et n’est point entrée dans
les livres. Elle n’a donc d’abord employé que deux couleurs, et n’a
couvert les estampes qu’en partie, soit les vêtements des person-
nages, soit certains contours,, le fond du papier restant blanc et
beaucoup des accessoires demeurant imprimés en noir, sans inter-
vention de coloris, lorsque, vers 1765, Haronobou lui fait faire un
pas décisif. Il multiplie les planches d’impression, les porte de deux
et trois à six et huit. Il obtient ainsi la plus grande variété de tons
et, en môme temps, il colore la gravure tout entière, les fonds et
accessoires comme les personnages. Il produit ainsi des estampes
d’où le blanc du papier a complètement disparu.

L’estampe en couleurs, parvenant à ce point de perfection,
devient un objet qui plaira à tout le monde ; aussi va-t-elle maintenant
se multiplier, et elle atteindra son point culminant avec les maitres
qui s’y adonneront de 1765 à 1800 environ. Ace moment aussi., la
gravure élargit énormément son cadre et, sans abandonner la repré-
sentation des scènes de théâtre et des acteurs, à laquelle elle s'était
d’abord surtout tenue, s’étend maintenant à la reproduction des
figures de femmes, des scènes familières, des réunions et groupes de
toute sorte, encadrés dans des paysages ou des intérieurs.

Mais si la gravure en couleurs, sous sa forme primitive, était
restée étrangère au livre, elle y pénètre et s’y établit dès qu’elle
 
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