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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 2
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Duret, Théodore: La gravure japonaise: à propos des récentes acquisitions du Cabinet des Estampes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0151

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LA GRAVURE JAPONAISE

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un ou plusieurs musiciens, et, sur la plupart des petits livres, se
trouvent le nom du principal musicien ou chanteur de drame, et
même le nom du fabricant des poupées.

Au commencement du xviue siècle, les véritables acteurs, en
chair et en os, remplacent de plus en plus les poupées sur la scène,
et, à ce moment, règne un grand acteur, Danjouro, le premier de
toute une lignée, qui, par son jeu puissant, fixe l’art des gestes et
de la mimique dramatiques. Le théâtre prend dès lors un très grand
empire sur le peuple. Il s’adonne à la fois à la représentation des
drames historiques ou légendaires et à celle des scènes populaires.
Torii Ivyonobon, venant, à ce moment, se consacrer à reproduire
par des estampes les scènes principales des pièces qui apparais-
saient sur le théâtre, avec la physionomie des acteurs, se trouve
caresser un goût puissant du public. Ses estampes eurent pour ache-
teurs les spectateurs, qui voulaient emporter et garder un souvenir
durable des scènes ou des représentations qu’ils avaient vues. Torii
Kyonobou fut bientôt suivi par Okomoura Massanobou ; il forma
des élèves et eut des successeurs : Torii Kyomassou, Torii Kyomi-
tsou, Torii Kyotsouné et autres, lesquels, conservant tous son nom
patronymique, constituent une sorte de dynastie qui traverse le
xvme siècle, adonnée tout spécialement à la reproduction des figures
d’acteurs.

Les estampes produites par Torii Kyonobou, ses émules et ses
élèves, étaient naturellement imprimées au simple trait en noir,
puisque, à l’époque où le genre commence, à la fin du xvne siècle,
l’impression en couleurs était absolument inconnue. Mais le besoin
de donner l’attrait de la couleurs aux gravures se faisant sentir, on
s’était tout de suite mis à les colorier à la main, et les plus anciennes
œuvres des Torii nous présentent des images d’un caractère presque
sauvage, mais d’une grande saveur, enluminées, par parties, d’un
rouge de carmin. Puis survient un jaune clair; les rouges et les
jaunes finissent par se mêler ; le coloris des estampes se raffine
d'ailleurs de plus en plus et il se complique de tons de laque et
d’additions de poudre d’or. L’art des estampes, tirées en noir et
coloriées à la main, qui a d’abord régné seul au commencement du
xvnie siècle, se prolongea ensuite un certain temps, quoique res-
treint, après que la gravure imprimée en couleurs fût devenue d’une
pratique commune.

Le moment où la gravure en couleurs, dont les procédés ont dû
être encore pris par les Japonais à la Chine, apparaît et s’implante
 
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