LES ARTS A L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1900
L’
ARCHITECTURE
(deuxième article <)
LES PALAIS DES CHAMPS-ÉLYSÉES
Les échafaudages sont tombés et, s’il faut
attendre quelques jours encore les décorations inté-
rieures et les installations, on peut dès à présent
juger de l’effet des façades.
Pour quelques-uns des palais, l’enlèvement
des charpentes n’a pas été un bienfait. Ce qui de-
meurait indécis s’est précisé : un défaut d’« échelle »
apparaît dans toutes les constructions de l’Espla-
nade des Invalides, dont l’entrée, avec ses lourdes
tours que couronnent des motifs inspirés des fon-
taines Wallace, avec ses pavillons aux énormes
consoles écrasant leurs supports, avec ses motifs
d’angle agrémentés de pointes, fait songer à l’in-
terprétation d’une œuvre musicale sans chef d’or-
chestre qui donne la mesure et le ton : chaque
instrumentiste a sans doute du talent, mais tous
ensemble n’arrivent à produire qu’une étrange cacophonie.
En revanche, la façade du Grand Palais, dégagée des échafauds,
a vraiment grand air; les rapports de pleins et de vides contribuent
à cet effet de grandeur, qui tient sans doute, pour une part, à l’emploi
des ordonnances, mais qui tient plus encore à l’harmonie cherchée
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. XXIII, p. 26b.
L’
ARCHITECTURE
(deuxième article <)
LES PALAIS DES CHAMPS-ÉLYSÉES
Les échafaudages sont tombés et, s’il faut
attendre quelques jours encore les décorations inté-
rieures et les installations, on peut dès à présent
juger de l’effet des façades.
Pour quelques-uns des palais, l’enlèvement
des charpentes n’a pas été un bienfait. Ce qui de-
meurait indécis s’est précisé : un défaut d’« échelle »
apparaît dans toutes les constructions de l’Espla-
nade des Invalides, dont l’entrée, avec ses lourdes
tours que couronnent des motifs inspirés des fon-
taines Wallace, avec ses pavillons aux énormes
consoles écrasant leurs supports, avec ses motifs
d’angle agrémentés de pointes, fait songer à l’in-
terprétation d’une œuvre musicale sans chef d’or-
chestre qui donne la mesure et le ton : chaque
instrumentiste a sans doute du talent, mais tous
ensemble n’arrivent à produire qu’une étrange cacophonie.
En revanche, la façade du Grand Palais, dégagée des échafauds,
a vraiment grand air; les rapports de pleins et de vides contribuent
à cet effet de grandeur, qui tient sans doute, pour une part, à l’emploi
des ordonnances, mais qui tient plus encore à l’harmonie cherchée
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. XXIII, p. 26b.