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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 3
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Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, [15]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0279
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

où l’on a retrouvé des milliers de momies de cet animal. Tuer un chat y passait
pour un crime énorme ; sous un des derniers Ptolémées, un Romain, qui s’en
était involontairement rendu coupable, fut mis en pièces par la foule, malgré les
efforts des autorités locales 1. Les deux centres de domestication du chat ont été,
dans l’antiquité, la Chine et l’Égypte ; comme il ne peut être question d’une
influence chinoise sur le monde gréco-romain, force est de chercher en Égypte
le centre de diffusion de nos matous. Il paraît cependant que le chat resta rare,
tant en Grèce qu’en Italie, jusqu’à l’époque chrétienne ; alors une nouvelle
fournée de chats, suivant les pas des moines grecs d’Égypte, se répandit sur
l’Europe, où ils se trouvèrent en présence des rats, arrivés du fond de l’Asie avec
les Huns. Le monde des rats et des chats eut aussi, au ve siècle de notre ère, ses
batailles de Pollentia et de Chàlons ! Une chose singulière est qu’à Pompéï, où
Ton a recueilli, sous la pluie de lapilli, des animaux de tout genre, on a vaine-
ment, jusqu’à ce jour, cherché un chat. C’était cependant une ville fréquentée
par les Grecs d’Égypte et, à bien des égards, plus alexandrine qu’italienne. Les
chats avaient-ils pressenti la catastrophe et s’étaient-ils mis en sûreté? Les
Pompéiens étaient-ils ennemis des chats? La question est ouverte. Mais il reste
une troisième hypothèse, proposée par feu Victor Hehn : c’est que, tant que le
culte de ces animaux fleurit en Égypte, l’exportation en fut difficile, peut-être
même entravée par des règlements d’ordre public. Le jour où le paganisme
égyptien disparut, vaincu par la religion nouvelle, toutes les barrières s’abais-
sèrent. On a lieu de croire, par conséquent, que la présence des chats sur nos
toits et dans nos ménages est un des bienfaits que l’Europe doit au christia-
nisme.

SALOMON R EI N A C H

1. Diodore de Sicile, I, 83, 8.

L’Administrateur-gérant : J. ROUAM.

PARIS. — IMPRIMERIE GEORGES PETIT, 12, RUE GODOT-DE-MAUROl
 
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