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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0369
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BIBLIOGRAPHIE

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l’art ancien. Un peu encombrant pour servir de compagnon de voyage, on aura
tout profit et tout agrément à l’étudier avant et à le relire après l’indispensable
pèlerinage à la morte gracieuse et maquillée que le Vésuve a marquée de son
baiser de feu,

THÉODORE REINACH

LES PREMIERS VÉNITIENS, par Paul Flat. Préface de Maurice Barrèsi.

ous croyons avoir beaucoup fait, dans ce recueil, pour
l'évolution de la critique d’art vers la précision scienti-
fique, et certes les recherches de première main, les études
originales, les examens méthodiques ont notre prédilec-
tion; c’est à eux que viennent d'abord notre adhésion et
nos suffrages; cependant, il n’est pas de notre usage de
repousser par un nescio vos pédantesque ceux qui se pas-
sent de notre discipline. Nous aurions mauvaise grâce, par exemple, à négliger
un livre de bonne foi, écrit avec chaleur et grâce, pour la raison que ce livre
n’est pas d’enseignement ou de critique, mais de pure édification sentimentale
et littéraire ; faisons donc, sous ces expresses réserves, un favorable accueil à
l'élégant volume que M. Paul Fiat a consacré aux Premiers Vénitiens.

u Je ne sais rien des Bellini et de Garpaccio que leur beauté; du moins,
l’ai-je avidement saisie », dit M. Maurice Barrés dans la préface étrangement
intuitive et nuancée qu’il a écrite pour son ami le « dilettante et psychologue ».
Psychologue, en effet — romancier délicat même, à ses heures, — M. P. Fiat a
fait ici œuvre de vulgarisation distinguée et, si je puis me servir d’un mot qui a
fait son temps, d’analyse ésotérique, l’analyse technique, la discussion docu-
mentée n’étant point de son programme1 2. Chacun de ses chapitres aies allures
d’une conférence aisée, tournant autour d’un bel échantillon d’art, et son ambi-
tion est de caractériser l’âme vénitienne, telle qu’il croit l’apercevoir à Venise,
au travers des tableaux des maîtres les plus connus. Ce genre d’exposition litté-
raire est justement celui qui, pratiqué par nos grands stylistes, a précédé l’âge
de la critique qu’on peut appeler expérimentale; nous ne saurions décider s’il
est encore profitable de notre temps : certains esprits, à coup sûr, continuent
d’y trouver un aliment intellectuel et sentimental, et là est sa justification.

1. Paris, Henri Laurens, 1899. 1 vol. gr. in -8° de 128 p., orné de 16 héliogravures
hors texte et de nombreuses illustrations d’après les photographies de MM. Alinari.

2. On regrette, cependant, de voir la question des origines pour ainsi dire éludée.
On s’étonne, au chapitre de Carpaccio — «le plus pur des Vénitiens », dit l'auteur, —
de ne pas trouver un mot qui indique l’extraction levantine de l’artiste et sa vie infini-
ment originale de peintre attitré des pauvres confréries grecque et albanaise. Cela valait
un chapitre et des plus piquants. Nul souci non plus des problèmes qui s’élucident à
l’égard des Vivarini et des Bellini... On pourrait multiplier ces exemples d’omission
volontaire. Il est vrai qu’il y a aujourd’hui des monographies longues comme des
Arolumes à écrire sur chacun des Premiers Vénitiens. Ce sont les critiques anglais,
disons-le avec regret, qui se mettent à cette belle tâche et marquent là le pas des études
exactes et durables.
 
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