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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
On goûtera donc, sans arrière pensée, les pages où M. Fiat interroge les
Madones vénitiennes et scrute les physionomies à demi profanes qui les entou-
rent. La suprême originalité de tout ce qui est éclos à Venise prête à d’intarissa-
bles commentaires; or, ce sont la paraphrase morale de l'art, sa portée sociale,
ses rapports avec la vie — vagues et spécieux problèmes — qui préoccupent le
dernier en date des innamorati de la lagune.
La puissante éloquence de Ruskin, qui voulait être un prophète et avait une
archéologie à lui, s’est épanchée jadis dans une grande thèse en trois volumes
suivant laquelle nous pourrions lire, oui, lire comme dans un livre, les vicissi-
tudes politiques et morales de la Sérénissime République sur les pierres du grand
Canal ; Stones of Venice est le chef-d’œuvre de l’examen tendanciel appliqué à
l’art. L’auteur des Premiers Vénitiens, qui aime à citer le grand esthéticien, comme
il aime à citer Carlyle, ne nous en voudra pas si nous reconnaissons une filiation
lointaine entre son ouvrage — bien que nullement dogmatique — et l’immense
pamphlet de l’aristarque disparu.
A. R.
L’Administrateur-gérant : J. ROUAM.
PARIS.
IMPRIMERIE GEORGES PETIT, 12, RUE GODOT-DE-MAUROI
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
On goûtera donc, sans arrière pensée, les pages où M. Fiat interroge les
Madones vénitiennes et scrute les physionomies à demi profanes qui les entou-
rent. La suprême originalité de tout ce qui est éclos à Venise prête à d’intarissa-
bles commentaires; or, ce sont la paraphrase morale de l'art, sa portée sociale,
ses rapports avec la vie — vagues et spécieux problèmes — qui préoccupent le
dernier en date des innamorati de la lagune.
La puissante éloquence de Ruskin, qui voulait être un prophète et avait une
archéologie à lui, s’est épanchée jadis dans une grande thèse en trois volumes
suivant laquelle nous pourrions lire, oui, lire comme dans un livre, les vicissi-
tudes politiques et morales de la Sérénissime République sur les pierres du grand
Canal ; Stones of Venice est le chef-d’œuvre de l’examen tendanciel appliqué à
l’art. L’auteur des Premiers Vénitiens, qui aime à citer le grand esthéticien, comme
il aime à citer Carlyle, ne nous en voudra pas si nous reconnaissons une filiation
lointaine entre son ouvrage — bien que nullement dogmatique — et l’immense
pamphlet de l’aristarque disparu.
A. R.
L’Administrateur-gérant : J. ROUAM.
PARIS.
IMPRIMERIE GEORGES PETIT, 12, RUE GODOT-DE-MAUROI