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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
ce sont les seuls témoins des aptitudes artistiques de nos ancêtres.
Il n'est pas superflu d’indiquer les raisons qui ont fait exposer
des reproductions galvanoplastiques au lieu de pièces originales.
Certes, il ne manque pas en France d’amateurs éclairés qui eussent
mis avec empressement leurs collections à la disposition de l’admi-
nistration des Beaux-Arts. Mais l’exposition d’une monnaie n’eût
permis de présenter aux visiteurs qu’une seule face. Et, du moment
que l’on se proposait de faire saisir l’évolution de l’art monétaire
en France, et que conséquemment l’on devait rechercher des types
caractéristiques; comme, d’autre part, certaines monnaies dont le
choix s’imposait n’existent plus qu’en un seul exemplaire, il eût
été impossible de montrer les deux côtés de la pièce. Aussi a-t-il
paru préférable de faire faire, pour chaque monnaie, deux galvano-
plasties, l’une de la face, l’autre du revers.
Les éléments de ces reproductions ont été pris au Cabinet des
médailles de la Bibliothèque Nationale, avec la bienveillante autori-
sation de l’éminent conservateur, M. Babelon, toujours prêt à favo-
riser la diffusion des connaissances numismatiques et à mettre en
lumière les trésors confiés à sa garde.
Les premières monnaies frappées en Gaule l’ont été, non pas
par des Gaulois, mais par des Grecs, par la colonie phocéenne de
Marseille, au vx° siècle avant Jésus-Christ. Les monnaies d’argent
sorties de cet atelier sont purement grecques, ornées de têtes de
divinités ou d’animaux symboliques qui, dès l’origine, témoignent
d’un goût sobre, et, en dépit de leur archaïsme, de cette simplicité
et de cette fermeté dans le dessin qui sont les caractéristiques de
l’art grec. Le monnayage se perpétua à Marseille jusqu’à la fin du
111e siècle. La tête d’Artémis et celle d’Apollon, qui paraissent sur
les espèces marseillaises aux diverses périodes, permettent de suivre
l’évolution artistique.
Les tribus de la vallée du Rhône imitèrent les monnaies de
Marseille, mais avec quelle maladresse! Les monnaies de Glanum
(Saint-Remy de Provence), celles des Samnagètes et des Cœnicenses
le montrent assez.
Le monnayage gaulois a été essentiellement un monnayage
d’imitation. Car c’est une loi, que les peuples barbares qui aban-
donnent le système primitif du troc pour adopter l’usage des mon-
naies ont d’abord recours aux pièces que le commerce avec des
peuples civilisés apportent dans leur pays ; puis, lorsqu’ils en vien-
nent à employer les monnaies pour leur commerce intérieur, et non
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ce sont les seuls témoins des aptitudes artistiques de nos ancêtres.
Il n'est pas superflu d’indiquer les raisons qui ont fait exposer
des reproductions galvanoplastiques au lieu de pièces originales.
Certes, il ne manque pas en France d’amateurs éclairés qui eussent
mis avec empressement leurs collections à la disposition de l’admi-
nistration des Beaux-Arts. Mais l’exposition d’une monnaie n’eût
permis de présenter aux visiteurs qu’une seule face. Et, du moment
que l’on se proposait de faire saisir l’évolution de l’art monétaire
en France, et que conséquemment l’on devait rechercher des types
caractéristiques; comme, d’autre part, certaines monnaies dont le
choix s’imposait n’existent plus qu’en un seul exemplaire, il eût
été impossible de montrer les deux côtés de la pièce. Aussi a-t-il
paru préférable de faire faire, pour chaque monnaie, deux galvano-
plasties, l’une de la face, l’autre du revers.
Les éléments de ces reproductions ont été pris au Cabinet des
médailles de la Bibliothèque Nationale, avec la bienveillante autori-
sation de l’éminent conservateur, M. Babelon, toujours prêt à favo-
riser la diffusion des connaissances numismatiques et à mettre en
lumière les trésors confiés à sa garde.
Les premières monnaies frappées en Gaule l’ont été, non pas
par des Gaulois, mais par des Grecs, par la colonie phocéenne de
Marseille, au vx° siècle avant Jésus-Christ. Les monnaies d’argent
sorties de cet atelier sont purement grecques, ornées de têtes de
divinités ou d’animaux symboliques qui, dès l’origine, témoignent
d’un goût sobre, et, en dépit de leur archaïsme, de cette simplicité
et de cette fermeté dans le dessin qui sont les caractéristiques de
l’art grec. Le monnayage se perpétua à Marseille jusqu’à la fin du
111e siècle. La tête d’Artémis et celle d’Apollon, qui paraissent sur
les espèces marseillaises aux diverses périodes, permettent de suivre
l’évolution artistique.
Les tribus de la vallée du Rhône imitèrent les monnaies de
Marseille, mais avec quelle maladresse! Les monnaies de Glanum
(Saint-Remy de Provence), celles des Samnagètes et des Cœnicenses
le montrent assez.
Le monnayage gaulois a été essentiellement un monnayage
d’imitation. Car c’est une loi, que les peuples barbares qui aban-
donnent le système primitif du troc pour adopter l’usage des mon-
naies ont d’abord recours aux pièces que le commerce avec des
peuples civilisés apportent dans leur pays ; puis, lorsqu’ils en vien-
nent à employer les monnaies pour leur commerce intérieur, et non