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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 2
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Marcou, Paul Frantz: L' exposition rétrospective de l'art français, Les bronzes: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0136
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

fournit sa matière et des diverses formes que le fondeur leur fit
revôtir.

Depuis que ces honnêtes et modestes représentants des arts
mineurs, autrefois dédaignés, ont été appréciés à leur réelle valeur,
quelquefois même au delà de leur valeur, d’habiles industriels
ont trop souvent pris un soin aussi lucratif qu'indélicat de répondre
aux demandes des amateurs et de satisfaire leurs convoitises; aussi
une certaine école d’archéologues, peut-être trop avisés, en est-elle
arrivée, par un abus de louable scrupule, à laisser s’éveiller cer-
tains doutes et se manifester certaines réserves à l’égard de toute
une catégorie de produits, même des plus sainement authentiques.
La méfiance est, à coup sûr, une des premières vertus de l’archéo-
logue, mais n’oublions pas non plus que la méfiance a, elle aussi, ses
dupes et que c’est aussi peu faire œuvre de critique judicieuse de
trop rejeter que de trop retenir.

L’ordre chronologique nous amène à commencer cette revue du
bronze du moyen âge par l’un des objets les plus justement célèbres,
le plus précieux sans nul doute de ceux qui sont restés en France,
un vénérable récidiviste des expositions rétrospectives : le fragment
du pied du chandelier à sept branches qui, de l'église Saint-llemi
de Reims, est passé dans le musée de cette ville. Sa connaissance
n’est plus à faire et il n’y a pas lieu de le présenter ici. En faisant,
à l’aide des deux morceaux subsistants, ce que faisait Cuvier avec
une dent d’un mégathérium, nous pouvons arriver à cette conclusion
que le chandelier de Reims ne devait guère le céder à celui de la
cathédrale de Milan. Nous ne redirons pas ce que l’on a si souvent
répété sur l’admirable architecture du meuble en lui-même, sur le
puissant effet décoratif de ses entrelacs nerveux, au milieu des-
quels se jouent de petits personnages moitié hommes, moitié
bêtes, qui se chevauchent et se culbutent, de ces dragons qui
s’avalent et se vomissent; nous voulons simplement insister ici sur
ce fait qu’un art et un métier arrivés à produire un morceau de
cette qualité, de cette ampleur, et dont l’exécution présente des diffi-
cultés qui aujourd’hui encore pourraient effrayer nos fondeurs,
n’étaient assurément pas à leurs débuts, qu’ils avaient franchi la
période des premiers tâtonnements, qu’ils étaient, dès le xu° siècle,
en pleine possession d’eux-mêmes. Quant aux éléments décoratifs
qui entrent dans la composition, éléments qui se retrouvent, d’autre
part, dans bon nombre de sculptures romanes, c’est du côté de
l’Orient qu’il faut les aller chercher. Ce caractère oriental s’affirme
 
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