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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
ou grande, au monument qu’on élevait à notre art national. Le nom
de ces villes figure en tête du catalogue officiel, juste et modeste
récompense d’un concours d’autant plus désintéressé que ceux aux-
quels nous nous adressions n’étaient que très imparfaitement ren-
seignés sur le but et la portée de l’œuvre que nous ébauchions.
En face de l’abondance de renseignements résultant d’une si
riche récolte, je me bornerai ici à signaler, pour chaque époque,
quelques monuments significatifs, pouvant servir au lecteur studieux
de point de repère dans l’examen complet d’une série qui constitue
une histoire pour ainsi dire sans lacune.
L’abbaye de Conques en Rouergue, au diocèse de Rodez, date de
l’époque mérovingienne ; au milieu des ténèbres plus ou moins
épaisses qui enveloppent ses origines, on démêle cependant quelque
vérité, notamment qu’au ix° siècle, et dans la première moitié de ce
siècle, elle avait déjà une certaine importance ; elle était alors dédiée
au Sauveur, et, plus tard, saint Vincent devint également son patron.
Mais ce ne fut, en réalité, que tout à fait à la fin du ix° siècle, après
l’apport à Conques des reliques d’une sainte martyre d’Agen, de
sainte Foy, que l’abbaye acquit réellement de l’importance. L’humble
sanctuaire d’Aquitaine devint presque immédiatement un lieu de
pèlerinage très fréquenté; on venait de très loin implorer le secours
et la protection de la sainte, dont les nombreux miracles donnèrent,
dans le courant du xe siècle, tant de prospérité et de renom à l’ab-
baye, qu’il n’y eut guère, dès lors, de contrée de France où les
moines de Conques ne possédassent des terres.
Il est vraisemblable qu’à Conques, dès le ixe siècle, comme
dans toute abbaye qui se respectait, il exista un atelier d’orfèvres,
faisant partie de ces innombrables ouvroirs qui faisaient ressembler
une abbaye plutôt à une cité ouvrière qu’à un lieu consacré à la
prière. Dès lors, le reliquaire de Pépin d’Aquitaine peut être légiti-
mement considéré comme fabriqué dans l’abbaye même et par la
main d’un moine orfèvre. Mais si on ne peut émettre sur ce point
qu’une hypothèse, il n’en est plus de même pour le siècle suivant :
du xc au xn'! siècle, peut-être plus tard, Conques a possédé un ate-
lier d’où sont sortis les nombreux monuments que nous possédons
encore aujourd’hui, monuments qui, pour la plupart, peuvent être
datés d’une façon certaine. Un texte, qui constitue pour l’histoire
des mœurs à la fin du xe et au commencement du xi° siècle un
document absolument capital, unique, peut-on dire : les Miracles de
sainte Foy, racontés par Rernard, écolàtre de Chartres, et dédiés à
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ou grande, au monument qu’on élevait à notre art national. Le nom
de ces villes figure en tête du catalogue officiel, juste et modeste
récompense d’un concours d’autant plus désintéressé que ceux aux-
quels nous nous adressions n’étaient que très imparfaitement ren-
seignés sur le but et la portée de l’œuvre que nous ébauchions.
En face de l’abondance de renseignements résultant d’une si
riche récolte, je me bornerai ici à signaler, pour chaque époque,
quelques monuments significatifs, pouvant servir au lecteur studieux
de point de repère dans l’examen complet d’une série qui constitue
une histoire pour ainsi dire sans lacune.
L’abbaye de Conques en Rouergue, au diocèse de Rodez, date de
l’époque mérovingienne ; au milieu des ténèbres plus ou moins
épaisses qui enveloppent ses origines, on démêle cependant quelque
vérité, notamment qu’au ix° siècle, et dans la première moitié de ce
siècle, elle avait déjà une certaine importance ; elle était alors dédiée
au Sauveur, et, plus tard, saint Vincent devint également son patron.
Mais ce ne fut, en réalité, que tout à fait à la fin du ix° siècle, après
l’apport à Conques des reliques d’une sainte martyre d’Agen, de
sainte Foy, que l’abbaye acquit réellement de l’importance. L’humble
sanctuaire d’Aquitaine devint presque immédiatement un lieu de
pèlerinage très fréquenté; on venait de très loin implorer le secours
et la protection de la sainte, dont les nombreux miracles donnèrent,
dans le courant du xe siècle, tant de prospérité et de renom à l’ab-
baye, qu’il n’y eut guère, dès lors, de contrée de France où les
moines de Conques ne possédassent des terres.
Il est vraisemblable qu’à Conques, dès le ixe siècle, comme
dans toute abbaye qui se respectait, il exista un atelier d’orfèvres,
faisant partie de ces innombrables ouvroirs qui faisaient ressembler
une abbaye plutôt à une cité ouvrière qu’à un lieu consacré à la
prière. Dès lors, le reliquaire de Pépin d’Aquitaine peut être légiti-
mement considéré comme fabriqué dans l’abbaye même et par la
main d’un moine orfèvre. Mais si on ne peut émettre sur ce point
qu’une hypothèse, il n’en est plus de même pour le siècle suivant :
du xc au xn'! siècle, peut-être plus tard, Conques a possédé un ate-
lier d’où sont sortis les nombreux monuments que nous possédons
encore aujourd’hui, monuments qui, pour la plupart, peuvent être
datés d’une façon certaine. Un texte, qui constitue pour l’histoire
des mœurs à la fin du xe et au commencement du xi° siècle un
document absolument capital, unique, peut-on dire : les Miracles de
sainte Foy, racontés par Rernard, écolàtre de Chartres, et dédiés à