Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Marx, Roger: La décoration & les industries d'art, 1: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0436
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
406

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de l’Ienisseï, la mer polaire, les îles du Commandor ! Et jamais vous
ne le verrez choir dans l’aridité de la définition géographique : il
n’est pas un de ces panneaux où l’émotion, l’enthousiasme ne
déborde ; la vision est pittoresque et troublante, synthétique et
particulière; synthétique, parce que M. Korovine possède le sens
natif des harmonies ; particulière, parce que le caractère de la région
se trouve victorieusement mis en lumière. Tout de suite le parallèle
s’est imposé avec Henri Rivière et le regret venait que l’Exposition
ne lui ait pas fourni de même l’occasion de tenir son rôle et de
donner sa mesure. Maintenant, quel sera le sort de la frise de
M. Korovine ? Va-t-on la laisser adjuger à l’encan, avec les graviers?
ou bien ne se trouvera-t-il pas quelque Muséum pour en convoiter
tout ensemble la parure et l’enseignement ?

N’espcrons pas que le pavillon de la Grande-Bretagne, à la rue
des Nations, offre la même valeur édifiante que les constructions du
Nord. Ce n’est, à vrai dire, qu’un spécimen du style jacobæan (ou
écossais), qu’une reproduction du château de Bradford-sur-Avon,
lequel date du début du xvne siècle. Qui veut se former une idée de
la renaissance de l’architecture privée en Angleterre, et constater à
quel point elle est devenue de nos jours expressive des besoins, carac-
téristique et nationale, doit aller étudier, à l’annexe de Vincennes, le
plaisant cottage qu’exposent MM. Lever frères, et qui constitue, à
Port-Sunlight, la demeure do chaque ménage ouvrier. L’intérêt n’est
pas seulement dans la distribution judicieuse des pièces, dans le
souci partout manifesté de la commodité, de la propreté et du
confort; l’agrément des façades et leur variété, l'avancée de l’entrée
et de la bow-window, l’union de la brique et du bois, la sculp-
ture des pignons, annoncent une recherche qui équivaut à la
reconnaissance des droits de l’ouvrier à la Beauté. On ne s’étonne
pas que tel progrès vienne à se produire en Angleterre où il était en
quelque sorte provoqué par un culte héréditaire du foyer domes-
tique. Le trait avait dès longtemps frappé Paul Sédille : « L’existence
du travailleur, a-t-il remarqué ici-même1, est généralement plus
dignement entourée et assurée en Angleterre que chez nous...; le
plus pauvre apporte à la tenue de son intérieur, du home, un certain
sentiment de respectability peu connu dans nos campagnes et nos
classes ouvrières. » Paul Sédille eût trouvé dans le cottage de
Port-Sunlight la confirmation des espérances qu’il fonda, parmi les
premiers, sur la moderne architecture anglaise, et vraiment quelles
1. Y. Gazette des Beaux-Arts, 2° pér., t. XXV, p. 275.
 
Annotationen