L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE L’ART FRANÇAIS
433
d’honneur, entouré de dames de la cour, que l’on peut presque
toutes nommer, sans pour cela passer pour très ferré sur l’icono-
graphie de l’entourage des derniers Valois. Cette pièce est d’un
émail brillant et d’une coloration beaucoup plus vive que ne le sont
généralement les émaux de Léonard. 11 en faut rapprocher, aussi
bien par la perfection de l’exécution que par la nature du sujet, une
série de portraits ovales de grande dimension, parmi lesquelles deux
portraits qui nous offrent les traits de Catherine de Médicis jeune, et
les traits de la même reine beaucoup plus âgée, puis un autre por-
trait, toujours dans les mêmes dimensions et de même forme ovale,
celui du duc de Nevers, qui, jadis, fit partie de la collection Seillière
et appartient maintenant à M. Maurice Kami. Ce portrait du duc
de Nevers peut passer pour le chef-d’œuvre de Léonard Limousin,
considéré comme peintre de portraits. Sans doute il en est d’autres,
tels que celui du connétable de Montmorency, que possède le Louvre,
qui peuvent être considérés comme aussi soignés et traités avec
autant de respect du modèle, mais il n’en est pas dans lesquels
le feu, qui parfois joue de si mauvais tours aux émailleurs, se soit
montré à tel point complaisant pour l’artiste. Toutes les demi-
teintes que Léonard Limousin avait rêvé d’appliquer au modelé du
visage se sont trouvées fidèlement traduites, sans qu’un feu trop
fort ait fait évaporer les délicatesses du modelé, ou qu’un feu trop
faible ait nui au développement complet des émaux. Le ton général
de ce portrait, extrêmement doux, l’habileté du modelé, permettent
de placer une semblable représentation à côté des meilleurs portraits
créés à la cour de France au milieu du xvi° siècle; et l’on sait cepen-
dant si, dans ce milieu et par des mains très diverses, ont été créées
des merveilles.
Les coupes de Pierre Courtois, de Pierre ou de Martial Raymond,
de Jean Court, sont généralement des œuvres excessivement pré-
cises au point de vue du dessin, mais dont il ne faut pas voir une
réunion trop nombreuse, parce que, en face de tant de pièces inspirées
par des modèles très semblables, on finit par s’apercevoir qu’à côté de
ce que l’on peut considérer, dans l’art de l’émaillerie limousine, comme
des œuvres d’art, il y a des monuments qu’il faut regarder comme
des œuvres commerciales. Le bout de l’oreille du Limousin, qui, en
semblable circonstance, quand il fabriquait des émaux champlevés
au xiic et au xme siècle, s’était déjà trop montré, devient visible et
rend trop évidente cette vérité que l’on ne saurait trop souvent
répéter, parce que trop de personnes l’oublient : que dans toute cette
— 3* PÉRIODE,
XXIV.
433
d’honneur, entouré de dames de la cour, que l’on peut presque
toutes nommer, sans pour cela passer pour très ferré sur l’icono-
graphie de l’entourage des derniers Valois. Cette pièce est d’un
émail brillant et d’une coloration beaucoup plus vive que ne le sont
généralement les émaux de Léonard. 11 en faut rapprocher, aussi
bien par la perfection de l’exécution que par la nature du sujet, une
série de portraits ovales de grande dimension, parmi lesquelles deux
portraits qui nous offrent les traits de Catherine de Médicis jeune, et
les traits de la même reine beaucoup plus âgée, puis un autre por-
trait, toujours dans les mêmes dimensions et de même forme ovale,
celui du duc de Nevers, qui, jadis, fit partie de la collection Seillière
et appartient maintenant à M. Maurice Kami. Ce portrait du duc
de Nevers peut passer pour le chef-d’œuvre de Léonard Limousin,
considéré comme peintre de portraits. Sans doute il en est d’autres,
tels que celui du connétable de Montmorency, que possède le Louvre,
qui peuvent être considérés comme aussi soignés et traités avec
autant de respect du modèle, mais il n’en est pas dans lesquels
le feu, qui parfois joue de si mauvais tours aux émailleurs, se soit
montré à tel point complaisant pour l’artiste. Toutes les demi-
teintes que Léonard Limousin avait rêvé d’appliquer au modelé du
visage se sont trouvées fidèlement traduites, sans qu’un feu trop
fort ait fait évaporer les délicatesses du modelé, ou qu’un feu trop
faible ait nui au développement complet des émaux. Le ton général
de ce portrait, extrêmement doux, l’habileté du modelé, permettent
de placer une semblable représentation à côté des meilleurs portraits
créés à la cour de France au milieu du xvi° siècle; et l’on sait cepen-
dant si, dans ce milieu et par des mains très diverses, ont été créées
des merveilles.
Les coupes de Pierre Courtois, de Pierre ou de Martial Raymond,
de Jean Court, sont généralement des œuvres excessivement pré-
cises au point de vue du dessin, mais dont il ne faut pas voir une
réunion trop nombreuse, parce que, en face de tant de pièces inspirées
par des modèles très semblables, on finit par s’apercevoir qu’à côté de
ce que l’on peut considérer, dans l’art de l’émaillerie limousine, comme
des œuvres d’art, il y a des monuments qu’il faut regarder comme
des œuvres commerciales. Le bout de l’oreille du Limousin, qui, en
semblable circonstance, quand il fabriquait des émaux champlevés
au xiic et au xme siècle, s’était déjà trop montré, devient visible et
rend trop évidente cette vérité que l’on ne saurait trop souvent
répéter, parce que trop de personnes l’oublient : que dans toute cette
— 3* PÉRIODE,
XXIV.