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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Tourneux, Maurice: La sculpture moderne: les arts à l'Exposition universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0054
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

veut voir la même main dans le buste précis et sec du baron, que
je croirais plutôt dû à Ramey, le camarade de Prud’hon et de
Naigeon à celte époque. Diis ignotis pourrait être la devise de
cette vitrine, car si Chinard commence, apres un siècle d’oubli, à se
voir apprécier à sa réelle valeur, les noms de Péru et de Latteur ne
sont assurément familiers qu’à un bien petit nombre d’initiés ; mais
c’est le propre, sinon le but, de ces réunions éphémères que de pro-
voquer de loin en loin ces tardives réparations. Ph. Larmier,
auteur des bustes de Le Jolivet et de Radet (musée de Dijon), Mansion
et sa statue de Cydippe (musée de Bordeaux), ont dû aux mêmes
circonstances de sortir un moment d’une injuste pénombre.

Pour avoir été mieux traités parleurs contemporains, Cartellier,
Bosio, les deux Petitot, Milhomme, Moitte, Lemot, Corbet, Cortot,
Chardigny, Chaudet, n’en ont pas moins payé fort cher les faveurs
du pouvoir et celles de l’opinion, car ils ont eu à subir tour à tour
les réactions du goût et les fluctuations de la politique. Si quelques-
uns des travaux que leur ont demandés la République, l’Empire et la
Restauration ont pu être exécutes, combien d’autres, tels que le
Mariage samnite de Chardigny (musée de Marseille), sont demeurés
à Pétat d’esquisses ou de projets! Sort moins lamentable, peut-être,
après tout, que celui des statues qui, après avoir orné la place ou le
palais auxquels on les destinait, ont subi l’ensevelissement au plus
profond d’une cave, ou l’exil dans quelque lointain musée de pro-
vince. Il faut un demi-siècle et plus de recul pour que certaines
œuvres soient enfin mises au point et appréciées dans ce qu’elles ont
de durable : le Vergniaud de Cartellier et le Hoche de Milhomme
en offrent précisément de mémorables exemples.

Commandée à Cartellier par le gouvernement consulaire et
payée à l'artiste 4.500 francs, la statue en plâtre de Vergniaud fut
installée au bas du grand escalier du Sénat conservateur et figura
parmi les œuvres admises, en 1810, au concours des prix décennaux,
où elle se vit l’objet d’un mention très favorable dans le rapport
présenté par Joachim Le Breton, au nom de la quatrième classe de
l’Institut. En 1814, selon les uns, en 1818, selon les autres, cette
image évocatrice d’un passé qu’on se llattait vainement d’abolir fut
reléguée dans un magasin, d’où elle sortit un moment, dit-on, sous
la monarchie de Juillet et où elle rentra sous le second Empire. C’est
alors, le croira-t-on? qu elle fut déposée chez un entrepreneur du
boulevard de Vaugirard. Relégué sous un hangar, noirci par les
intempéries, mutilé par les coups de pierres des gamins, l’énorme
 
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