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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 25.1901

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Nr. 3
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Dilke, Emilia Francis Strong: Les Coustou, 2: les chevaux de Marly et le tombeau du Dauphin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24807#0225
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208

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

qu'à celle-ci. En un mot, Vénus n’est qu’une nymphe et Mars qu'un
simple guerrier'. »

Lorsque je vis ces deux célèbres statues, j’avoue avoir ressenti
un léger désappointement. La nuance juste serait, je crois, de se
remémorer les termes mêmes des critiques contemporains : « l’une
n’a pas cet air séducteur, attribut de la reine de la beauté ; l’autre
manque du caractère sanguinaire essentiel au dieu des combats... » ;
mais on découvre que, derrière cette critique, se cache simplement la
gène, la surprise de voir Goustou s’aventurer à humaniser ses sujets.
Bachaumont n’était qu’un écho, l’écho de ceux qu’influençaient les
théories qui gagnaient alors tous les jours du terrain et par les-
quelles Bouehardon, mort depuis peu, avait été sérieusement atteint.
Coustou, avec les magnifiques traditions de famille qu’il avait en
main, répudiait instinctivement cette abjecte soumission à ce qu’on
appelait « les idées de la belle antique », ces principes qui, prêchés
par des doctrinaires à des gens incomplètement renseignés sur leur
libre application, déterminèrent, vers la fin du siècle, la production
d’effigies sans accent et de types purement académiques.

La Vénus de Coustou, si nous la prenons, non comme une
déesse grecque, mais simplement comme l’image d’une femme
belle et gracieuse, dont la pareille a pu respirer et vivre dans l’ate-
lier de la Place nouvelle du Louvre, ne peut manquer de nous
remettre en mémoire le jugement de Mathias OEsterreich2, qui
déclare que l’œuvre de Coustou est un défi au Mercure de Pigalle
et classe l’une et l’autre parmi les plus belles statues des temps
modernes qui soient dans les collections du roi:i.

Une qualité spéciale de beauté sereine et gracieuse distingue à
la fois la Vénus de Sans-Souci et certaines des figures du grand tom-
beau à l’achèvement duquel Coustou employa les dernières années
de sa vie. De même, en effet, que les Chevaux de Marly furent le
dernier chef-d’œuvre de Coustou le jeune, de même le Tombeau du

1. Mémoires secrets, 8 juin 1769.

2. I.e catalogue dressé par ce dernier est conservé à la Réverve, au Musée du
Louvre, où M. Guiffrey m’a obligeamment autorisé à le consulter.

3. Mon premier essai, fort aimablement secondé par le Dr Lippmann, le
courtois directeur du Cabinet des estampes du musée de Berlin, pour obtenir des
photographies de ces œuvres, qui ne sont pas seulement d’un grand intérêt
historique, mais d’une importance capitale dans la vie de Coustou fils, cet
essai, dis-je, a complètement échoué. Je dois remercier l’aimable intervention
du comte de Seckendorf pour le document d’après lequel nous reproduisons
le Mars.
 
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