L’ISLAM MONUMENTAL DANS L’INDE DU NORD 291
tribune du vieux roi, ingénieusement machinée, l’ensevelit sous ses
madriers. Le parricide, une fois sur le trône, réalisa un des types de
tyran les plus achevés de l’histoire. Cultivé, artiste, religieux et
tempérant, il ne donne pas l’impression d’une brute, d’un Commode,
mais d’un Néron plus mâle. Ibn-BatouLa raconte son goût de faire
des présents et de répandre le sang. Sa cruauté paraît moins un jeu
qu’un art. D’ailleurs, son caprice césarien ne connaît pas de mesure.
11 ordonne, sous peine de mort, à tout le peuple de Delhi d’émigrer
à Dlogiri, à huit cents milles de là. Des milliers d’hommes périssent
de famine et l’entreprise n’aboutit pas. Il envoie une armée de cent
mille soldats contre la Chine, cent mille hommes dont aucun ne
repasse les gorges de l’Himalaya. L’impôt foncier est décuplé, tel
général rebelle écorché vif ou foulé aux pieds d’éléphants. Les vil-
lageois prennent la jungle, deviennent brigands. Pendant ce temps,
le monarque fait des battues d’hommes, par pur dilettantisme, avec
des armées entières pour rabatteurs, égorge des populations de
grandes cités, restaurant les plaisirs dégénérés du sport en leur
forme première et logique. On rapporte qu’à la mort de celui qu’on
appelle encore le Sultan de Sang, son successeur, Firoz-Shah, acheta
des reconnaissances de pardon, dûment paraphées, à tous ceux qui
avaient perdu le uez ou un membre par décret du feu roi. Elles
emplirent nn grand coltre qu'on plaça au chevet de sa tombe.
K Ο R E R T D ’ H U ΜIÈ R E S
(La suite prochainement )
tribune du vieux roi, ingénieusement machinée, l’ensevelit sous ses
madriers. Le parricide, une fois sur le trône, réalisa un des types de
tyran les plus achevés de l’histoire. Cultivé, artiste, religieux et
tempérant, il ne donne pas l’impression d’une brute, d’un Commode,
mais d’un Néron plus mâle. Ibn-BatouLa raconte son goût de faire
des présents et de répandre le sang. Sa cruauté paraît moins un jeu
qu’un art. D’ailleurs, son caprice césarien ne connaît pas de mesure.
11 ordonne, sous peine de mort, à tout le peuple de Delhi d’émigrer
à Dlogiri, à huit cents milles de là. Des milliers d’hommes périssent
de famine et l’entreprise n’aboutit pas. Il envoie une armée de cent
mille soldats contre la Chine, cent mille hommes dont aucun ne
repasse les gorges de l’Himalaya. L’impôt foncier est décuplé, tel
général rebelle écorché vif ou foulé aux pieds d’éléphants. Les vil-
lageois prennent la jungle, deviennent brigands. Pendant ce temps,
le monarque fait des battues d’hommes, par pur dilettantisme, avec
des armées entières pour rabatteurs, égorge des populations de
grandes cités, restaurant les plaisirs dégénérés du sport en leur
forme première et logique. On rapporte qu’à la mort de celui qu’on
appelle encore le Sultan de Sang, son successeur, Firoz-Shah, acheta
des reconnaissances de pardon, dûment paraphées, à tous ceux qui
avaient perdu le uez ou un membre par décret du feu roi. Elles
emplirent nn grand coltre qu'on plaça au chevet de sa tombe.
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