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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
obligatoire. Dans les trumeaux, des portières en tapisserie recouvrent
tous les murs ; enfin, des tableaux sont placés en dessus de portes.
C’est André-Charles Boriile qui, comme de juste, triomphe en
cette salle avec deux grandes armoiies, deux commodes, deux
meubles d'appui, deux beaux cabinets à l'effigie de Louis XIY.
Puis, ce sont des tables et des consoles en bois doré à dessus de
marbre, une table surtout, épave probable du mobilier du surin-
tendant Fouquetau château de Vaux, table qui repose sur l’un des
admirables tapis de la Savonnerie fabriqués sous Louis XIV pour
la décoration de la Galerie d’Apollon. On a pensé aussi que, dans le
fond de cette salle, où se drapent deux grands rideaux rouge à bordure
de tapisserie, il fallait représenter, par un cabinet en ébène, d’origine
française, mais imité des cabinets italiens et flamands, cet art un
peu triste qui figurait à une si haute dose dans le mobilier d’un
Mazarin ; art triste et voyant à la fois, car, si l’extérieur de ce
meubles est tout à fait endeuillé, l’intérieur montre des aichitec-
tures, des perspectives munies de jeux de glaces, plus voyantes que
de bon goût; des bronzes de Jean Bologne, des porcelaines de Chine
— une note qu’il ne faut pas oublier dans le style du xvir siècle, —
des vases et des bustes en porphyre, parmi lesquels le buste
d’Alexandre, par Girardon, mettent une note riche et somptueuse
dans cet ensemble où, par des spécimens assez variés, se trouve
assez bien, croyons-nous, dans la mesure du possible, étant donné
le local, produire l’impression que devaient donner les appar-
tements de l’époque de Louis XIV.
Plus gaie et plus claire est la tonalité de la seconde salle, consa-
crée à la Régence — combien peu, hélas ! — et à Louis XV. Le
local, plus grand, plus aéré, mieux éclairé, se prêtait à souhait à
l’étalage du luxe plus pimpant du xvm° siècle, et on oublie presque
l’épouvantable plafond peint par Blondel, à l’époque de la Restaura-
tion. Aux murs s’étalent des tapisseries d’après Coypel : Psyché
implorant l’Amour et Psyché regardant l'Amour ; le Sommeil de
Renaud et Renaud abandonnant Armide ; les tapisseries des tru-
meaux, exécutées primitivement pour la Salle du Conseil, au château
de Compiègne, par Neilson, d’après les cartons de Boucher et de
Texier, n’ont pas une allure moins amoureuse, ce qu’il fallait pour
une salle au milieu de laquelle se dresse un marbre charmant attri-
bué à Gillet, L’Amour vainqueur ; et cette statue explique la présence,
dans la même salle, du portrait de la reine Marie Leczinska par
Vanloo, du prodigieux portrait au pastel de Mme de Pompadour
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
obligatoire. Dans les trumeaux, des portières en tapisserie recouvrent
tous les murs ; enfin, des tableaux sont placés en dessus de portes.
C’est André-Charles Boriile qui, comme de juste, triomphe en
cette salle avec deux grandes armoiies, deux commodes, deux
meubles d'appui, deux beaux cabinets à l'effigie de Louis XIY.
Puis, ce sont des tables et des consoles en bois doré à dessus de
marbre, une table surtout, épave probable du mobilier du surin-
tendant Fouquetau château de Vaux, table qui repose sur l’un des
admirables tapis de la Savonnerie fabriqués sous Louis XIV pour
la décoration de la Galerie d’Apollon. On a pensé aussi que, dans le
fond de cette salle, où se drapent deux grands rideaux rouge à bordure
de tapisserie, il fallait représenter, par un cabinet en ébène, d’origine
française, mais imité des cabinets italiens et flamands, cet art un
peu triste qui figurait à une si haute dose dans le mobilier d’un
Mazarin ; art triste et voyant à la fois, car, si l’extérieur de ce
meubles est tout à fait endeuillé, l’intérieur montre des aichitec-
tures, des perspectives munies de jeux de glaces, plus voyantes que
de bon goût; des bronzes de Jean Bologne, des porcelaines de Chine
— une note qu’il ne faut pas oublier dans le style du xvir siècle, —
des vases et des bustes en porphyre, parmi lesquels le buste
d’Alexandre, par Girardon, mettent une note riche et somptueuse
dans cet ensemble où, par des spécimens assez variés, se trouve
assez bien, croyons-nous, dans la mesure du possible, étant donné
le local, produire l’impression que devaient donner les appar-
tements de l’époque de Louis XIV.
Plus gaie et plus claire est la tonalité de la seconde salle, consa-
crée à la Régence — combien peu, hélas ! — et à Louis XV. Le
local, plus grand, plus aéré, mieux éclairé, se prêtait à souhait à
l’étalage du luxe plus pimpant du xvm° siècle, et on oublie presque
l’épouvantable plafond peint par Blondel, à l’époque de la Restaura-
tion. Aux murs s’étalent des tapisseries d’après Coypel : Psyché
implorant l’Amour et Psyché regardant l'Amour ; le Sommeil de
Renaud et Renaud abandonnant Armide ; les tapisseries des tru-
meaux, exécutées primitivement pour la Salle du Conseil, au château
de Compiègne, par Neilson, d’après les cartons de Boucher et de
Texier, n’ont pas une allure moins amoureuse, ce qu’il fallait pour
une salle au milieu de laquelle se dresse un marbre charmant attri-
bué à Gillet, L’Amour vainqueur ; et cette statue explique la présence,
dans la même salle, du portrait de la reine Marie Leczinska par
Vanloo, du prodigieux portrait au pastel de Mme de Pompadour