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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 26.1901

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Lechat, Henri: Les origines et le développement du Temple grec, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24808#0074
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GAZETTE UES BEAUX-ARTS

dont un contrôle plus exact réduirait peut-être encore le nombre
les murs, les colonnes avec leur chapiteau, et même l’architrave
gardaient le ton naturel du stuc ou du marbre. Sur ces membres
d’architecture, en effet, reposait le poids de la construction entière.
Ils en étaient les soutiens ; on devait donc leur laisser leur aspect
robuste et, si je puis dire, tout le sérieux de leur vigueur *. Au con-
traire, c’était alléger la frise et la corniche, du moins en apparence,
que d’y semer couleurs et ornements. De plus, le coloriage sévère-
ment réglé de ces parties hautes avait pour effet certain, surtout
avec l’emploi de tons aussi tranchés que ceux du bleu et du rouge,
de rendre à tous les traits de la modénature le relief et la netteté
que la distance aurait affaiblis pour l'œil du spectateur qui les
regardait d’en bas. Mais la raison dernière de la polychromie est
toujours que les couleurs plaisaient au regard, que leur sobre
richesse ajoutait à la noble beauté du temple ; même de loin, alors
que les détails n’étaient plus perceptibles, il semblait, grâce à elles,
qu’une éclatante couronne parât le front de la demeure divine.

Si nul temple ne se passa de la couleur, tous ne connurent pas
le luxe d’une décoration sculptée. Au sculpteur s’offraient dès l’abord
les deux triangles des frontons et les métopes dans l’entablement
de la péristasis et dans celui du prodomos et de Yopistliodomos. Mais
le fût et le chapiteau des colonnes, les triglyphes, le larmier, les
murs du naos, ont été jalousement respectés ; ils sont restés tels que
la construction même les avait faits, fidèles à leur fonction utile.
Ils étaient en réalité, ou bien ils rappelaient par « survivance » les
membres essentiels de cette construction ; ils en étaient comme
l’ossature, tandis que les champs lisses des tympans et des métopes
en étaient comme la chair. Pour l’architrave, une légère hésitation
se produisit, sinon dans la Grèce propre, du moins en Asie, où l’arl
grec subit à maintes reprises l'influence des civilisations orientales,
mauvaises conseillères parfois. A Assos, en Troade, un temple
dorique, construit aux environs de l’an 600 avant .J.-C., pré-
sentait une architrave sculptée d'un bout à l’autre -, sous les
métopes de la frise, sculptées aussi. C’est une exception unique, et
l’on comprend sans peine pourquoi les sévères architectes de la
Grèce d’Europe ne suivirent pas un tel exemple. L’architrave, sou- 1 2

1. Je passe rapidement sur cette raison, qu'il sera plus à propos de développer
dans les pages suivantes, relatives à la décoration sculptée.

2. Au moins sur les deux façades. Cf. la restauration de la façade principale
sur la page ci-contre.
 
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