DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Nolhac, Pierre de: Le Versailles de Mansart, 3
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
dit ne point trouver à Paris de tableaux pour mettre à la place de
ceux que le Roi fait ôter aux deux côtés de son lit. Coysevox tra-
vaille continuellement pour achever la sculpture du Salon du Roi,
et promet que tout sera déchafaudé dans la fin de cette semaine. »
Comme on le voit, les appartements royaux, aussi bien que l’aile
nouvelle, où se décorent et se meublent en hâte les logements
donnés par le Roi1, rien n’est prêt qu’au dernier moment, presque
à la dernière minute. La veille même de l’arrivée de Sa Majesté, les
voitures des Gobelins apportent des meubles, des tentures, des
bronzes à fixer aux portes et aux fenêtres ; et les principaux corps
de métier, menuisiers, serruriers, peintres, doreurs, leurs équipes
doublées, occupent encore les diverses parties du Château. Au Grand
Escalier même, Tubi vient à peine de poser les sculptures de sa
fontaine. Cependant le décor est en place à Versailles, et la France
désormais tient les yeux fixés sur ce qui va s’y passer.
Le G mai 1G82, avec un peu plus de solennité que de coutume,
Louis XIV fait son entrée au Château de Versailles2. Toute la Cour
l’accompagne dans ses carrosses ; Madame la Dauphine est portée
en chaise, à cause de sa grossesse avancée. Le cortège traverse les
lignes des gardes françaises et des gardes suisses rangées comme
toujours dans l’avant-cour, étendards déployés, litres sonnants,
tambours battants. Mais, cette fois, les habitants de la ville nou-
velle l’acclament au passage avec plus d’enthousiasme ; ils savent
que le séjour se prolongera de longues années. Ce n’est plus seu-
lement le Roi qui se transporte à Versailles, c’est la Royauté.
PIERRE DE NOLIIAC
(La suite prochainement.)
Louvre, montre encore en place. Grille et parterre vont disparaître bientôt pour
les travaux de la grande Orangerie de Mansart.
\. Y. des notes de Colbert, du 24 avril : « Il fallait commencera me rendre
compte de l’état auquel sont tous les ouvrages de la Grande aile, et particulière-
ment de tous les offices bas et entresols et de tous les logements que le Roi a
recommandés ; comme aussi de tous les cabinets et garde-robes des deux pre-
miers étages de la Grande aile et des atliques. Dans les attiques, le sieur Man-
sart a donné deux cabinets à l’appartement de M. de Mortemart », etc.
2. Gazette, 1682, p. 274. Sourches, Mémoires, t. I, p. 101.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
dit ne point trouver à Paris de tableaux pour mettre à la place de
ceux que le Roi fait ôter aux deux côtés de son lit. Coysevox tra-
vaille continuellement pour achever la sculpture du Salon du Roi,
et promet que tout sera déchafaudé dans la fin de cette semaine. »
Comme on le voit, les appartements royaux, aussi bien que l’aile
nouvelle, où se décorent et se meublent en hâte les logements
donnés par le Roi1, rien n’est prêt qu’au dernier moment, presque
à la dernière minute. La veille même de l’arrivée de Sa Majesté, les
voitures des Gobelins apportent des meubles, des tentures, des
bronzes à fixer aux portes et aux fenêtres ; et les principaux corps
de métier, menuisiers, serruriers, peintres, doreurs, leurs équipes
doublées, occupent encore les diverses parties du Château. Au Grand
Escalier même, Tubi vient à peine de poser les sculptures de sa
fontaine. Cependant le décor est en place à Versailles, et la France
désormais tient les yeux fixés sur ce qui va s’y passer.
Le G mai 1G82, avec un peu plus de solennité que de coutume,
Louis XIV fait son entrée au Château de Versailles2. Toute la Cour
l’accompagne dans ses carrosses ; Madame la Dauphine est portée
en chaise, à cause de sa grossesse avancée. Le cortège traverse les
lignes des gardes françaises et des gardes suisses rangées comme
toujours dans l’avant-cour, étendards déployés, litres sonnants,
tambours battants. Mais, cette fois, les habitants de la ville nou-
velle l’acclament au passage avec plus d’enthousiasme ; ils savent
que le séjour se prolongera de longues années. Ce n’est plus seu-
lement le Roi qui se transporte à Versailles, c’est la Royauté.
PIERRE DE NOLIIAC
(La suite prochainement.)
Louvre, montre encore en place. Grille et parterre vont disparaître bientôt pour
les travaux de la grande Orangerie de Mansart.
\. Y. des notes de Colbert, du 24 avril : « Il fallait commencera me rendre
compte de l’état auquel sont tous les ouvrages de la Grande aile, et particulière-
ment de tous les offices bas et entresols et de tous les logements que le Roi a
recommandés ; comme aussi de tous les cabinets et garde-robes des deux pre-
miers étages de la Grande aile et des atliques. Dans les attiques, le sieur Man-
sart a donné deux cabinets à l’appartement de M. de Mortemart », etc.
2. Gazette, 1682, p. 274. Sourches, Mémoires, t. I, p. 101.