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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
entre des futaies dépouillées, sous un ciel de bile et de sanie. La
scène évoquée et son cadre de nature y sont traités avec un profond
sentiment des secrètes concordances, des affinités muettes, et ce
serait le cas de rééditer une fois de plus le fameux contre-sens qui
a fait des « lacrymæ rerum » le couplet favori des élégiaques. Le
Paradis perdu est d'une conception moins réussie ; si le site pris, ce
semble, aux environs de Fontainebleau, est de la plus poignante
beauté, l’épisode biblique n’y ajoute aucune sorte d'intérêt, à s’in-
LAVEUSES A QUIMPERLÉ, PAR M. F. T H A U L O W
(Société Nationale des Beaux-Arts.)
carner dans trois minuscules poupées marquées de taches aigrelettes.
M. Thaulow a toujours ses dons prestigieux de vision pitto-
resque et d’exécution savoureuse, mais si la Fabrique abandonnée
garde un grand caractère dans ses solitudes glacées, une production
trop abondante commence à se dénoncer çà et là par des formules,
et le désir de plaire y excède parfois la mesure, comme dans ces
Lavandières, dont M. Le Goût-Gérard avouerait la pimpante joliesse.
M. Dauchez a été souvent mieux inspiré que cette année ; sa fac-
ture s’amollit et s’uniformise, la même touche feutrée, le même
ton triste lui servent pour les matières les plus différentes, d’où
l’aspect sourd et fatigué qui dépare nombre de ses toiles. On a
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entre des futaies dépouillées, sous un ciel de bile et de sanie. La
scène évoquée et son cadre de nature y sont traités avec un profond
sentiment des secrètes concordances, des affinités muettes, et ce
serait le cas de rééditer une fois de plus le fameux contre-sens qui
a fait des « lacrymæ rerum » le couplet favori des élégiaques. Le
Paradis perdu est d'une conception moins réussie ; si le site pris, ce
semble, aux environs de Fontainebleau, est de la plus poignante
beauté, l’épisode biblique n’y ajoute aucune sorte d'intérêt, à s’in-
LAVEUSES A QUIMPERLÉ, PAR M. F. T H A U L O W
(Société Nationale des Beaux-Arts.)
carner dans trois minuscules poupées marquées de taches aigrelettes.
M. Thaulow a toujours ses dons prestigieux de vision pitto-
resque et d’exécution savoureuse, mais si la Fabrique abandonnée
garde un grand caractère dans ses solitudes glacées, une production
trop abondante commence à se dénoncer çà et là par des formules,
et le désir de plaire y excède parfois la mesure, comme dans ces
Lavandières, dont M. Le Goût-Gérard avouerait la pimpante joliesse.
M. Dauchez a été souvent mieux inspiré que cette année ; sa fac-
ture s’amollit et s’uniformise, la même touche feutrée, le même
ton triste lui servent pour les matières les plus différentes, d’où
l’aspect sourd et fatigué qui dépare nombre de ses toiles. On a