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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Dimier, Louis: Eugène Müntz
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0051
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

temps de Charles VIII, ouvrage de mêmes proportions que le
Raphaël, publié aux frais du duc de Chaulnes; enfin, depuis 1888,
l’admirable série de volumes qui devait présenter dans un plan
général V Histoire de l'Art pendant la Renaissance, y aste compilation,
énorme répertoire de connaissances élaborées et précises, groupées
autour d’un centre unique, et qui, si elle eût pu s’achever, eût été le
résumé magnifique de cette vie de penseur et d’érudit.

Car c’en fut le trait par excellence, remarquable en un temps oû
d’incessantes critiques se sont élevées contre la Renaissance du
xvie siècle : Eugène Müntz admirait cette époque, entretenait de
ses travaux son culte, et lui maintenait avec une obstination douce
son rang d’institutrice heureuse de l’Europe moderne dans toutes
les branches de l’activité humaine, et premièrement dans l’art,
domaine de ses études. Sa philosophie là-dessus était aussi étendue
que profonde. 11 n’y a pas en celte matière de considérations esthé-
tiques, politiques, sociales, morales et religieuses qu’il n’ait abor-
dées et qu’il n’ait su tourner sans peine à la preuve que la Renais-
sance est le bien commun de toutes les nations modernes, et que
l’honneur revient à l’Italie d’y avoir précédé l’Europe. Ce fut la con-
clusion constante de ses travaux, l’inébranlable certitude de sa car-
rière de savant, qu’il eut à cœur de renouveler et de fortifier sans
relâche, dans le terrain sans cesse remué de l’esthétique et de la
science. Ce qu’il admira du moyen âge, ce qu’il enregistra tour à
tour d’un nationalisme historique jeté à l’assaut de ses préférences,
n’eut jamais pour but et pour effet que de les maintenir. Les nou-
veaux principes mis en cours par l’enseignement de Courajod
n’eurent pas chez lui un autre résultat, et c’est dans ses œuvres que
l’avenir trouvera les formules les plus larges et les plus décidées
contre des doctrines que, plein d’estime pour le savoir de leur auteur,
il regardait cependant comme des erreurs.

Qu’il me soit permis ici de ne pas fuir l’allusion à l’article que
M. André Michel lai consacra dans le Journal des Débats, au triste
lendemain de sa mort. M. Michel sait combien tout ce qu’il y a d’éru-
dits en France estime et admire les travaux du successeur de Cou-
rajod. Chacun a goûté le trait agile et délicat qui fit revivre sous
sa plume, dans la lumière rapide de l’actualité, la figure d’Eugène
Müntz, et briller l’éclat de ses mérites. Mais, venant à juger l’esthé-
tique de celui-ci, il a parlé de trouble dans ses convictions et d’in-
certitudes dans sa doctrine, causées par des études nouvelles qui
le rapprochaient de l’école contraire. Voilà ce qu’on n’a pu se figu-
 
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