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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Loeser, Charles: La collection Beckerath au Cabinet des estampes de Berlin, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0055
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Borgognone dont je connaisse l’existence. L’exquise composition,
d’un trait de plume à peine effleuré, nous montre la Vierge portée
dans les airs par un chœur d’anges, et Dieu le Père entouré de séra-
ph ins lui plaçant la couronne sur la tète. La forme de la page
indique que la composition était destinée à la décoration d’une
abside, et elle rappelle les splendides fresques de la voûte de San
Simpliciano à Milan, œuvre capitale du maître. On ne saurait citer
aucun tableau achevé d’Ambrogio qui puisse nous charmer par la
douceur du sentiment autant que ce dessin exquis. La Vierge y répond
encore à l'ancienne vision mystique, les tendances académiques et
naturalistes de la Renaissance n’ayant pas encore pénétré dans ce
recoin de la Lombardie. De même, le goût parfait qui a disposé si
heureusement les figures, ne les accumulant jamais, fixant bien le
motif de chaque ange sonnant de la trompette, jouant de la harpe,
de la guitare, du violon, des cymbales ou de la cithare, la parfaite
harmonie qui se dégage de ce concert céleste, tout cela tient encore
des pures traditions byzantines.

Un dessin de Luini forme, avec le précédent, un frappant
contraste entre l’élève et le maître. Cette feuille, très travaillée à la
plume, au pinceau, et rehaussée de blanc,a pour sujet l’enlèvement
d’Europe. Les figures posées çà et là sont d’une ingénuité qui fait
songer à Puvis de Chavannes ; par contre, l’adjonction quelque peu
enfantine du grand palais du fond, ainsi que F apparition inattendue
du taureau au beau milieu de l’idylle, font preuve d’un défaut de
goût qui jamais ne se ferait voir dans les décors poétiques, toujours
d’une si noble distinction, de l’artiste français.

Bramantino est représenté dans la collection par un choix de
dessins dont je retiens un bel exemple montrant un homme age-
nouillé, les mains jointes. La facture en est remarquable par sa
franchise et sa puissance. Le curieux travail des plis aux creux pro-
fonds rappelle la sculpture sur bois, style qui se retrouve semblable
dans l’école des Mantegazza. Et la situation de Milan, à l’embouchure
de la grande route qui mène aux pays du Rhin, explique que l’in-
fluence des écoles de sculpture françaises et germaniques ait pu se
faire sentir ici, si loin de leurs pays d’origine.

Bergame, ville montagnarde, sujette de Venise et centre com-
mercial de haute importance, fameuse par une série d’artistes qui
pourtant se distinguent tous par leur genre un peu provincial,
s’honore d’avoir produit, au milieu du xvie siècle, un des plus grands
portraitistes qu’ait connus l’Italie. Moroni fut, en effet, parmi les
 
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