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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Hamel, Maurice: Les derniers travaux sur Albert Dürer
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0073
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LES DERNIERS TRAVAUX SUR ALBERT DÜRER

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relie, ua peu antérieure, qui représente l’église Saint-Jean. Toute gaucherie a
disparu. L'harmonie est parfaite entre le sentiment et l’exécution rapide, légère
et sûre. Le Trockensteg de l’Albertine n’est pas de moindre qualité.

Pour la suite, deux études datées de 1510 peuvent servir de point de repère.
L’une, de la collection Blasius, rappelle, par le sujet, les études de rochers de
1506, mais avec plus de souplesse et de sûreté. L’autre, de la collection Bonnat,
représente un village pittoresquement groupé autour d’une mare. Dans la même
collection, une aquarelle, où la tréfllerie de Nüremberg est prise un peu plus à
droite (l’auteur remarque que les arbres ont un peu grandi), se rapproche delà
même date. Chez M. Bonnat encore, une vue de village très pittoresque, avec un
moulin à eau sur pilotis, est datée de 1512. Nous arrivons ainsi aux plus exquises
productions de Durer dans ce genre qu’il a créé : la prairie en pente, ombragée
de grands arbres, d’un sentiment tout moderne, de la collection Blasius; l’admi-
rable Moulin du Cabinet des estampes de Paris; le Kalkreuth de Brême, et surtout
la simple et délicieuse éLude de terrains de Berlin.

M. Hændcke ne fait que citer les dessins à la plume du voyage aux Pays-Bas.
L’intérêt de son étude n’est point là. Par des rapprochements ingénieux et par
une savante analyse du style et de la technique, il a déterminé la suite chrono-
logiqne de ces feuilles qui contiennent tant d’art en un si petit format, et rendu
un signalé service à la critique de Durer.

La brochure de M. Weber approfondit un sujet plus restreint. On sait quelle
place centrale occupent dans l’œuvre du maître les trois gravures fameuses entre
toutes : le Chevalier, la Mort et le Diable, de 1513, la Mélancolie et le Saint Jérôme,
de 1514. Elles ont sollicité depuis longtemps la sagacité des commentateurs, et la
multiplicité des gloses a fini par obscurcir le texte primitif. Quelle est la signi-
fication exacte de ces trois pages maîtresses? Et d’abord, forment-elles un
tout lié par une pensée commune ? S’agit-il des divers tempéraments, comme on
l’a cru longtemps, et l’S marqué au bas, à gauche du chevalier signifie-t-il le
Sanguin? M. Weber n’a pas de peine à écarter cette hypothèse. Car pourquoi
trois tempéraments et non pas quatre, et en quoi saint Jérôme représente-t-il
le Flegmatique ? D’ailleurs le critique ne pense pas que ces trois feuilles forment
une trilogie conçue d’ensemble et inséparable. Il observe que dans le voyage
aux Pays-Bas, comme en d’autres circonstances, Durer donne ou vend le Che-
valier toujours isolément, la Mélancolie et le Saint Jérôme toujours deux à deux.
Pour l’artiste, comme pour le public, les trois œuvres ne formaient donc pas
un tout indissoluble, mais les deux dernières ne se séparaient pas.

Si le Chevalier n’est pas le Sanguinicus, qu’est-il donc au juste? Repassant
rapidement sur les tours et les détours de la critique, M. Weber rappelle que
M. Lippmann sembla donner une réponse définitive en signalant dans un opuscule
d’Érasme, Le Chevalier chrétien, certains passages dont le rapport est frappant
avec l’œuvre de Durer. Mais, outre que ce livre ne fut guère répandu en Alle-
magne avant 1520, et que la gravure d’Urs Graf qui l’orne ne concorde pas avec
la donnée du maître, M. Weber montre que l’œuvre en question a des racines
plus profondes dans la littérature mystique du temps. L’idée du chevalier chré-
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