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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0095
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

les types les plus remarquables et les plus célèbres, elles présentent en même
temps de graves lacunes.

M. Babelon se trouvait mieux préparé que personne, par ses précédents tra-
vaux, par les études de toute sa carrière, â écrire le livre que nous présentons
aux lecteurs de la Gazette et dont nous allons essayer de faire ressortir l’intérêt
et les qualités.

Circonscrite à la France, l’histoire de la gravure sur pierres dures présente
encore un champ si vaste, que nous ne saurions le passer en revue tout entier; il
faudra nous borner à signaler un certain nombre de points essentiels et nouveaux.

Le premier historien qui se soit occupé de rechercher les origines de la glyp-
tique dans notre pays, Jules Labarte, dans son Histoire clés arts industriels au moyen
âge, avait admis en principe que, depuis la chute de l'Empire romain jusqu’à la
fin du xive siècle, l’art du graveur en pierres dures était totalement inconnu des
pays occidentaux et, par suite, que toutes les intailles de l’époque carolingienne et
des premiers siècles du moyen âge avaient été exécutées à Constantinople ou en
Orient. Les empereurs d’Occident, puis les rois de France, qui montrèrent parfois
un goût si vif pour cette forme de l’art, auraient donc tiré de l’Orient les pierres
gravées et les camées sertis dans leurs couronnes ou montés dans les châsses
des saints. Cette opinion trouva bientôt d’ardents contradicteurs. Ici même1,
Alfred Darcel contesta, avec l’autorité de son érudition, les conclusions trop
absolues de Labarte, et, depuis lors, des faits nombreux étant venus s’ajouter à
ceux qu’on connaissait autrefois, la thèse de Darcel, à savoir que, même à l’époque
barbare, l’art de la glyptique n’avait jamais complètement cessé d’être pratiqué
en France et dans les pays voisins, trouva de nouveaux défenseurs. Dans une
étude placée en tête de l’Inventaire des sceaux d’Artois et de Picardie, Germain
Demay signale 367 intailles ou camées relevés par lui dans les empreintes des
sceaux de France, et il attribue aux graveurs du moyen âge 26 de ces pierres, con-
statation qui l’amène à conclure à lapersistance de la gravure en pierres dures en
France et dans les pays voisins. Cette thèse, soutenue avec des arguments diffé-
rents par Darcel et par Demay, M. Babelon l’adopte et l’appuie par un ensemble
de raisonnements, de preuves, et même de témoignages écrits qui auraient con-
vaincu, n’en doutons pas, Labarte lui-même. Le commentaire qui accompagne le
fameux disque en cristal où se déroulent en creux les diverses scènes de l’histoire
delà chaste Suzanne, ne laisse guère d’incertitude sur son origine occidentale.

Ce précieux monument fut acquis en 1857 par le British Muséum qui le paya
267 livres (6675 francs) à la vente de l’amateur lyonnais qui l’avait acheté
12 francs quand il fut trouvé dans la Meuse. Le lieu de la découverte n’est certes
pas indifférent en pareil cas. Et ce n’est pas le seul exemple de cristaux travaillés
de la sorte dont l’origine ne laisse pas d’incertitude.

M. Babelon cite aussi, en les comparant, plusieurs représentations de la
scène de la Crucifixion, intaillées dans le cristal, offrant un type commun
dont il n’hésite pas à faire honneur aux ateliers occidentaux. Les reproductions
qu’il a groupées sur la même planche permettent d’apprécier leurs points de res-
semblance. De ces intailles presque identiques deux appartiennent au British
Muséum, une autre se trouve au Cabinet des médailles de Paris; la dernière est

1. V. Gazette des Beaux-Arts, lre pér., t. XIX, p. 130.
 
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