LES DEBUTS DES VAX ETC K
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qu’il fût venu visiter le sanctuaire de Poke. Aussitôt le vent devint
favorable, et, en vingt heures, le comte et ses gens purent arriver,
en naviguant à voiles, d’Angleterre jusqu'aux côtes de Zélande. La
traversée terminée, ils accomplirent dévotement le vœu qu’ils avaient
fa i t1. »
N’est-ce pas là le sujet même de la miniature où figure en per-
sonne un prince qui est sûrement de la maison de Bavière-Hainaut ?
Tout ne concorde-t-il pas absolument : ce prince qui arrive du côté
de la mer, et qui continue à chevaucher en priant, sans se laisser
arrêter ni distraire, comme s’il était sous l’empire d’une unique
pensée religieuse; ce rivage plat qui ressemble tout à fait à celui
delà Zélande; et sur ce rivage, en proportions microscopiques, ces
vaisseaux dont on achève de descendre ; ces nuages se dissipant et
ces vagues, qui paraissent rappeler un coup de vent encore récent;
jusqu’à cette tour que l’on aperçoit tout à fait à l’arrière-plan à droite
et qui peut faire penser, en tenant compte des remaniements ou
même des reconstructions qui ont pu s’effectuer dans l’intervalle, à
la tour, célèbre dans la région, que l’on peut voir encore debout
aujourd’hui dans cette même localité de Yere, voisine du sanctuaire
de la Vierge de Poke? Ajoutons encore à ces considérations l’air
juvénile de la jeune femme que nous croyons être Jacqueline de
Bavière : au moment du retour d’Angleterre de son père, en 1410,
elle n’avait que quinze ou seize ans. Disons aussi que la chronique
de Morosini signale la présence simultanée à Valenciennes, en
ITainaut, quelques semaines après ce retour, au commencement de
novembre 1416, du comte Guillaume IV et de son gendre le dauphin
de France, premier mari de Jacqueline. Jacqueline de Bavière a
donc dû, très vraisemblablement, se trouver, elle aussi, auprès de
son père et dans ses Etats en 1410. Et ceci est encore en harmonie
avec une des particularités de la miniature. Faisons remarquer enfin
que la mort du comte Guillaume IV suivit de peu de mois sa tra-
versée et son vœu. Le décès des princes, on le sait par de nombreux
exemples, entraînait fréquemment le brusque arrêt des travaux
d’art qu’ils faisaient exécuter. Or, dans les Fleures de Turin, cette
seconde série des peintures qui nous occupe présente tout le carac-
tère d’une entreprise inachevée et môme, vu le petit nombre relatif
des tableaux, d’une entreprise abandonnée peu de temps après avoir
été commencée.
1. Chronique de Jean de Leyde [Gerbrants-zoon], dans Sweertius, Rerurn
belgicarum annales, p. 344.
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qu’il fût venu visiter le sanctuaire de Poke. Aussitôt le vent devint
favorable, et, en vingt heures, le comte et ses gens purent arriver,
en naviguant à voiles, d’Angleterre jusqu'aux côtes de Zélande. La
traversée terminée, ils accomplirent dévotement le vœu qu’ils avaient
fa i t1. »
N’est-ce pas là le sujet même de la miniature où figure en per-
sonne un prince qui est sûrement de la maison de Bavière-Hainaut ?
Tout ne concorde-t-il pas absolument : ce prince qui arrive du côté
de la mer, et qui continue à chevaucher en priant, sans se laisser
arrêter ni distraire, comme s’il était sous l’empire d’une unique
pensée religieuse; ce rivage plat qui ressemble tout à fait à celui
delà Zélande; et sur ce rivage, en proportions microscopiques, ces
vaisseaux dont on achève de descendre ; ces nuages se dissipant et
ces vagues, qui paraissent rappeler un coup de vent encore récent;
jusqu’à cette tour que l’on aperçoit tout à fait à l’arrière-plan à droite
et qui peut faire penser, en tenant compte des remaniements ou
même des reconstructions qui ont pu s’effectuer dans l’intervalle, à
la tour, célèbre dans la région, que l’on peut voir encore debout
aujourd’hui dans cette même localité de Yere, voisine du sanctuaire
de la Vierge de Poke? Ajoutons encore à ces considérations l’air
juvénile de la jeune femme que nous croyons être Jacqueline de
Bavière : au moment du retour d’Angleterre de son père, en 1410,
elle n’avait que quinze ou seize ans. Disons aussi que la chronique
de Morosini signale la présence simultanée à Valenciennes, en
ITainaut, quelques semaines après ce retour, au commencement de
novembre 1416, du comte Guillaume IV et de son gendre le dauphin
de France, premier mari de Jacqueline. Jacqueline de Bavière a
donc dû, très vraisemblablement, se trouver, elle aussi, auprès de
son père et dans ses Etats en 1410. Et ceci est encore en harmonie
avec une des particularités de la miniature. Faisons remarquer enfin
que la mort du comte Guillaume IV suivit de peu de mois sa tra-
versée et son vœu. Le décès des princes, on le sait par de nombreux
exemples, entraînait fréquemment le brusque arrêt des travaux
d’art qu’ils faisaient exécuter. Or, dans les Fleures de Turin, cette
seconde série des peintures qui nous occupe présente tout le carac-
tère d’une entreprise inachevée et môme, vu le petit nombre relatif
des tableaux, d’une entreprise abandonnée peu de temps après avoir
été commencée.
1. Chronique de Jean de Leyde [Gerbrants-zoon], dans Sweertius, Rerurn
belgicarum annales, p. 344.