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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
a paru, en 1549, clans une publication lyonnaise; il faudrait croire
alors que, si le portrait de Catherine de Médicis a été copié, il le fut
à cette époque, lors d’un passage de Corneille de Lyon à Paris.
Voilà tout ce que j'ai toujours pensé du Louis XI récemment offert
à nos curiosités; je n’ai jamais dit un mot de plus à son sujet; toutes
autres opinions qui me seraient prêtées sont radicalement fausses.
J ’estime que le fait d’avoir passé chez Gaignières lui constitue un état
civil fort important, et lorsque je le puis rapprocher d’un autre por-
trait similaire appartenant à la duchesse de Nemours, venant sûrement
de Catherine de Médicis et aujourd’hui disparu, je m'explique très
bien qu’un amateur averti n’ait pas hésité à l’acquérir. Quant à Fou-
quet, il n’en peut être question pour les causes énumérées ci-dessus.
Nous mettons d’ailleurs, sous les yeux du lecteur, les pièces
principales de la discussion ; il jugera. Il verra les essentielles discor-
dances entre la gravure de Morin et la copie de Gaignières, tant
dans le profil que dans l’établissement de l’œil, dans le port du collier
de Saint-Michel et la forme du chapeau. Il se rendra compte de trop
d’éloignement, en vérité, entre ceci et l'effigie due au médailleur de
René d’Anjou, Francesco Laurana, qui a vu et dessiné le roi Louis XI
à son avènement, ou à peu près, et lui a donné une cambrure de chan-
frein un peu inattendue. Inattendue pour nous, qui sommes habitués
à la formule banale et ridicule de nos peintres modernes en ce qui
touche Louis XI. Je me rappelle encore l’étonnement lorsque je pro-
duisis, en 1884, le petit crayon de la Bibliothèque d’Arras1. On ne
voulait pas croire que cette figure d’éphèbe, au nez outrageusement
aquilin, représentât Louis XI; la médaille de Laurana servit à lever
les doutes; le crayon fut officiellement reconnu, mais on garda
quelque réserve. Je ne savais pas, alors, en quel lieu l’auteur des
crayons d’Arras avait copié son jeune Louis XI ;M. Quarré-Reybour-
bon me l’a appris depuis, en publiant les Mémoriaux d’Antoine
de Succa : le portrait du prince était à Gand, dans une église, en
compagnie de celui de Charlotte de Savoie, sa seconde femme2. Et
1. Les Portraits aux crayons. Paris, Oudin, p. 281, n° 3.
2. Ibidem, p. 281 ; et aussi Quarré-Reybourbon, Trois recueils de portraits, Lille,
1900, in-8°. C’est par les Mémoriaux d’Antoine de Succa que l’auteur nous a indiqué
la provenance des portraits du roi et de sa femme (p. 104). M. Quarré-Reybourbon
est un des savants du Nord qui ont le plus contribué, ces années dernières, à
fournir des données sur certaines œuvres flamandes célèbres. Je liens à lui en
rendre ici le public hommage. Le portrait de Charlotte de Savoie nous montre
la future reine de France en hennin de 1456. Nous aurons occasion ci-après de
revenir sur ce portrait et d émettre une hypothèse à son sujet.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
a paru, en 1549, clans une publication lyonnaise; il faudrait croire
alors que, si le portrait de Catherine de Médicis a été copié, il le fut
à cette époque, lors d’un passage de Corneille de Lyon à Paris.
Voilà tout ce que j'ai toujours pensé du Louis XI récemment offert
à nos curiosités; je n’ai jamais dit un mot de plus à son sujet; toutes
autres opinions qui me seraient prêtées sont radicalement fausses.
J ’estime que le fait d’avoir passé chez Gaignières lui constitue un état
civil fort important, et lorsque je le puis rapprocher d’un autre por-
trait similaire appartenant à la duchesse de Nemours, venant sûrement
de Catherine de Médicis et aujourd’hui disparu, je m'explique très
bien qu’un amateur averti n’ait pas hésité à l’acquérir. Quant à Fou-
quet, il n’en peut être question pour les causes énumérées ci-dessus.
Nous mettons d’ailleurs, sous les yeux du lecteur, les pièces
principales de la discussion ; il jugera. Il verra les essentielles discor-
dances entre la gravure de Morin et la copie de Gaignières, tant
dans le profil que dans l’établissement de l’œil, dans le port du collier
de Saint-Michel et la forme du chapeau. Il se rendra compte de trop
d’éloignement, en vérité, entre ceci et l'effigie due au médailleur de
René d’Anjou, Francesco Laurana, qui a vu et dessiné le roi Louis XI
à son avènement, ou à peu près, et lui a donné une cambrure de chan-
frein un peu inattendue. Inattendue pour nous, qui sommes habitués
à la formule banale et ridicule de nos peintres modernes en ce qui
touche Louis XI. Je me rappelle encore l’étonnement lorsque je pro-
duisis, en 1884, le petit crayon de la Bibliothèque d’Arras1. On ne
voulait pas croire que cette figure d’éphèbe, au nez outrageusement
aquilin, représentât Louis XI; la médaille de Laurana servit à lever
les doutes; le crayon fut officiellement reconnu, mais on garda
quelque réserve. Je ne savais pas, alors, en quel lieu l’auteur des
crayons d’Arras avait copié son jeune Louis XI ;M. Quarré-Reybour-
bon me l’a appris depuis, en publiant les Mémoriaux d’Antoine
de Succa : le portrait du prince était à Gand, dans une église, en
compagnie de celui de Charlotte de Savoie, sa seconde femme2. Et
1. Les Portraits aux crayons. Paris, Oudin, p. 281, n° 3.
2. Ibidem, p. 281 ; et aussi Quarré-Reybourbon, Trois recueils de portraits, Lille,
1900, in-8°. C’est par les Mémoriaux d’Antoine de Succa que l’auteur nous a indiqué
la provenance des portraits du roi et de sa femme (p. 104). M. Quarré-Reybourbon
est un des savants du Nord qui ont le plus contribué, ces années dernières, à
fournir des données sur certaines œuvres flamandes célèbres. Je liens à lui en
rendre ici le public hommage. Le portrait de Charlotte de Savoie nous montre
la future reine de France en hennin de 1456. Nous aurons occasion ci-après de
revenir sur ce portrait et d émettre une hypothèse à son sujet.